Leila, venez sans votre porte-monnaie

Ici, tout est gratuit. On devient adhérent, on ramène un objet, puis on en emprunte un autre, rien de plus simple. Leila a vu le jour en 2010 et s’est installée dans la Fehrbellinerstraβe il y a trois ans. Au fil des années, le magasin est devenu une grosse plaque tournante d’objets en tous genres qui à ce jour compte entre 700 et 800 adhérents.

Dans la boutique, les conversations vont bon train, les enfants déambulent et chacun fouille pour trouver son bonheur. Il y a (presque de) tout, des vêtements, des outils, des livres, des DVD… Nikolai Wolfert, le fondateur du magasin, nous a raconté l’histoire de cette “bibliothèque des objets » comme il se plaît à l’appeler. L’idée de Leila lui est venue assez naturellement. “Prenez une perceuse. On l’utilise en moyenne 30 minutes tous les 20 ans, du coup ça n’a pas vraiment de sens d’en acheter une ». Fini de consommer, consommer, consommer. Ici, on prend ce dont on a besoin en échange d’un effet personnel avant de le retourner.

Le concept du projet va évidemment plus loin que celui d’un simple magasin gratuit qui arrange tout le monde. “Aujourd’hui, il est toujours question d’acheter. Il faut que les mentalités changent », affirme Nikolai. Pour lui, Leila participe à un nouveau modèle d’économie à la fois solidaire et efficace, qui permet aux Berlinois de faire partie d’une communauté “Collaborer, cela rend les gens plus forts », affirme-t-il. Des  profils très variés s’y croisent, des étudiants, des familles tout comme des gens de passage qui, pour quelques mois, ne veulent pas s’encombrer d’une scie pour bricoler. Leila est multiculturelle, ouverte sur le monde et polyglotte – on y parle même le français.

Des soirées y sont également organisées. “C’est important que l’on puisse parler, manger, faire la fête ensemble ». Il s’agit de mêler communauté et économie solidaire. “Une économie qui s’intéresse seulement au profit et à l’individu est froide et mécanique ». Leila est donc une véritable communauté qui ne cesse de croître : “c’est comme ça que l’on peut changer les choses », ajoute Nikolai. Agir au niveau local et avec ses voisins au lieu d’attendre que le changement vienne d’en haut, c’est sa façon à lui de changer le visage de sa ville.  “Ici, nous avons un trésor et c’est un trésor que l’on partage ».

Photos: Camille Baissat

Camille Baissat