Andrej Ugoljew, la passion du jazz

Andrej Ugoljew,

Andrej Ugoljew est né en 1986 à Berlin d’une mère allemande et un père d’origine juive ukrainienne. Talentueux tromboniste, il a remporté le prix du Winner of the 2012 European Young Jazz Artists Award Burghausen avec la groupe Malte Schiller´s Red Balloon.

Comment as-tu commencé à faire de la musique ?
Je suis né à Berlin mais quand j’ai eu cinq ans, mes parents ont déménagé à Moscou. J’ai alors vécu mes premières années de musique en Russie. Mon père était batteur à l’époque et jouait dans un groupe de jazz, seulement pour le plaisir. Quand j’ai eu 13 ans, nous nous sommes installés à Berlin. C’est à cette époque que j’ai vraiment commencé à faire de la musique. Je me suis mis au trombone, sous les conseils avisés de mon père. Je jouais alors dans l’orchestre symphonique de cuivres de mon école de musique.
Un soir, un jeune homme, la vingtaine, m’a remarqué, et m’a demandé si je voulais jouer dans son groupe « Tonkabinett ». Ils faisaient du funk, du hip hop, du rock sur des textes allemands. J’avais 15 ans, c’était mon premier groupe, et ils avaient tous dix ans de plus que moi.
Après quelques années, j’ai quitté le groupe pour tourner dans deux orchestres de Jazz « JayjayBece » et « Prokopätz ». Sören Fischer, un excellent tromboniste de jazz, est devenu mon professeur, et j’ai eu envie de rentrer dans une très bonne université de jazz. Après deux tentatives, j’ai réussi le concours. J’ai alors étudié à « Weimar », puis au « Jazz Institut Berlin »  pendant 4 ans et demi.

Tu as senti de profonds changements à Berlin depuis ton arrivée ?
A l’époque où je suis arrivé, j’étais trop jeune pour réaliser ce qui se passait ici. C’est seulement maintenant que je réalise combien les possibilités sont énormes. La scène de jazz ainsi que les écoles de musique sont excellentes, et beaucoup de musiciens de talent décident de venir s’installer à Berlin. Pour faire carrière, il faut être patient, et ça vaut pour n’importe quelle ville. La plupart des groupes avec lesquels je joue, marchent très bien, comme « Skazka Orchestra » par exemple. J’apprécie de travailler dans des groupes très différents, pour développer mon style.

Est-ce que c’est vrai que le jazz est plus une musique d’improvisation que la musique classique par exemple ? Par le passé, l’improvisation était chose courante chez les compositeurs de musique classique.
Bach, par exemple, fut un des plus grands dans l’impro, mais aussi Mozart ou Beethoven. Dans l’apprentissage actuel de la musique classique, l’improvisation est totalement exclue. C’est pour cette raison que je me suis dirigé vers le jazz qui en donne toute l’expression. Tu peux prendre ce dont tu as besoin dans cette musique pour laisser libre cours à l’impro. J’ai toujours été inspiré par des styles très différents et suis resté ouvert à de nouvelles musiques, ce vers quoi je tends dans la diversité des groupes avec qui je joue. J’ai d’ailleurs décidé de donner le nom de « muuse music » à ma musique.

En quelques mots, pour toi l‘ambiance berlinoise ?
Libre, spacieuse, multiculturelle. Berlin est en passe de devenir le nouveau centre culturel européen.

Ton coup de coeur culturel du moment ?
Je parlerai plutôt de coups de coeur permanents. Il y avait un théâtre « Zu Hause » à Neukölln. Ils ont été obligés de fermer pour des raisons de sécurité. C’était une ancienne usine désaffectée dans laquelle ils organisaient des soirées théâtres et musiques. C’était vraiment un chouette endroit, et je pense que c’est important de donner une image vivante du Jazz, style musical qu’on associe trop souvent aux goûts de vieux. Les anciens membres de ce projet ont finalement ouvert un club ouvert aux jeunes passionnés de Jazz « Fuchs und Elster ».
Sinon, j’aime aller écouter l’orchestre philarmonique berlinois. Il y a aussi « Radialsystem », pour la danse contemporaine, ou « Theaterkapelle », comme lieu de subculture ouvert à tous.

Ton endroit préféré ?
J’aime faire du sport (rires), et je pratique la boxe. J’aime aller à « Pro Sport » à Mitte. Je joue tellement souvent le soir de la musique, que je ne vais pas souvent à des concerts pour mes sorties.

Ton bar préféré ?
« Roter Löwe Rein » sur Richardstrasse à Neukölnn, où j’aime jouer au baby-foot (rires).

Ta soirée préférée ?
Nager, faire de la boxe et puis finir au sauna à Rykerstrasse à Prenzlauer Berg

Un secret sur Berlin ?
« Gitti’s Bierbar » dans la Brücken Strasse. La gérante tient ce bar depuis 30 ans. L’atmosphère respire le vieux Berlin. Actuellement, on cherche à faire des bars au style retro, mais ici c’est du couleur locale. Gitti, la gérante, a gardé son accent berlinois et son lieu est plein d’histoire.

Ta librairie préférée ou ton magasin de musique préféré ?
Dussmann.

Ton brunch préféré ?
Personnellement je ne suis pas brunch, mais beaucoup d’amis me parlent souvent d’un restaurant russe qui fait des très bons brunchs: « Boguss » à Prenzlauer Berg.

Où as-tu dîné hier soir ?
Chez moi.

Une virée hors de Berlin ?
L’île de Rügen près de la Mer baltique. La nature est sauvage, et si on a la chance d’y aller un jour de soleil, c’est vraiment un endroit sublime avec de très grandes plages. Il y a des endroits touristiques qu’il faut éviter, mais si on cherche bien, on peut vraiment être tranquille.

Qu’est-ce que tu voudrais changer à Berlin ?
Alors là je vois vraiment pas, j’ai jamais réfléchi à ça… Rien.

Ton projet actuel ?
Je joue beaucoup avec mon groupe « FlowCabinet », et je prépare la sortie de notre premier album « Dunkegold » avec mon premier label « Muusemusic». Sinon, je joue tous les derniers lundi du mois sur une péniche « Theaterkahn ». L.C.

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