La différence entre June et Helmut

« C’est formidable le cinéma. On voit des filles avec des robes. Le cinéma arrive et on voit leur cul. » Ce constat réjoui tiré du film Le Mépris de Jean-Luc Godard semble s’appliquer tout aussi bien au cinéma qu’à la photographie d’Helmut Newton (1920-2004).

Dans la nouvelle exposition « Us and them » qui s’est ouverte au Musée de la photographie, ce maître de l’érotisme féminin a la particularité de voir ses clichés suspendus à côté de ceux de… sa femme June, alias Alice Springs. Un accrochage qui ne peut que pousser à la comparaison des styles, puisque dans l’une des sections, les deux photographes ont immortalisé la même personne avec des visions bien différentes. Au-delà des lieux et des années qui varient parfois, on observe chez elle une tendance à l’épure et au rapprochement émotionnel et chez lui un goût davantage prononcé pour la mise en scène et l’accessoirisation. Une vision plus globale – un corps se racontant dans un décor – qui donne une forme de crédibilité au parallélisme introductif…

Une plongée dans l’intimité du couple…

 

Hanna Schygulla, Catherine Deneuve, Charlotte Rampling, Dennis Hopper, Yves Saint Laurent ou encore Karl Lagerfeld sont autant de personnalités qui se sont laissées faire le portrait par Helmut et June. Dans la seconde section de la salle, les tiers cessent d’exister : ne reste alors que le couple dans sa vie de tous les jours, en vacances, en studio, à l’hôpital. Une plongée dans l’intimité…

Une seconde exposition  » Sex and Landscapes » regroupe des clichés grand format saisis par Helmut Newton entre 1974 et 2001. « Il s’amusait à dire que personne ne s’intéressait à ses photos de fleurs », peut-on lire dans la dédicace d’un ami, qui décrit ce mélange à la fois de grands paysages – une locomotive, une nature mort, une route déserte ou encore le lac de Grünewald – et d’obsessions sexuelles incarnées par des modèles féminins. 

 

june-helmut

Cette double exposition a ceci de spéciale qu’elle a été celle choisie par Helmut Newton pour inaugurer son musée berlinois il y a dix ans, peu avant sa mort. Présente lors de la conférence de presse, sa veuve June – toujours pleine de verve à 90 ans passés – a eu l’occasion de revenir sur la création de ce musée, trouvaille inespérée au bout d’un long pensum. « Nous avions fait six mois pour trouver un endroit dans sa ville natale de Berlin où exposer son travail. Puis il y a eu cette dernière tentative, près de Bahnhof Zoo ; Helmut s’est retourné pour voir le bâtiment et il a immédiatement été sous le charme ; il a trouvé ici sa « deuxième maison ».

Texte et photos : Nicolas Donner

Copyright : ©Alice Springs et Fondation Helmut Newton

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