La famille franco-allemande

Astrid Ribois-Verlinde

Entre l’éducation des enfants et l’adaptation à la culture du partenaire, les défis des couples franco-allemands de Berlin sont nombreux. Pour Laure-Marie Durand Heindrichs et son mari Gordian Heindrichs, parents de deux enfants, le plus facile est finalement de régler les malentendus. Et plutôt que de parler de différences franco-allemandes, le couple opère une autre distinction qui leur semble beaucoup plus juste : « Il y a un côté latin et un côté germain », affirme Laure-Marie. « On peut le voir dans la façon d’envisager un problème. Par exemple, au Parlement en Allemagne, on discute alors qu’en France, c’est souvent la foire d’empoigne ! », ajoute-t-elle.

Après avoir vécu entre la France et l’Allemagne, le couple s’installe à Berlin en 2008 pour des raisons professionnelles et finit par y rester par choix personnel et affectif, au point de vivre une véritable relation passionnelle avec Berlin. « C’est une ville qui n’est pas caractérisable, les extrêmes se confondent, elle a une identité très mouvante qui se construit encore, comme une cellule », explique Laure-Marie. Pour Gordian, la relation avec la ville a été plus tumultueuse. « J’étais fou amoureux de Berlin quand je suis arrivé. Puis j’ai connu la véritable ville, pleine de difficultés et de contradictions. C’est une ville qui est désunie et on vit cette division dans le quotidien. Cet aspect de la ville a été un problème pour moi, car il était difficile de développer une relation définie avec la ville. J’ai dû construire ma propre relation, une relation qui bouge en permanence. »

Comme pour de nombreuses familles franco-allemandes, Gordian et Laure-Marie doivent affronter les situations où le partenaire se sent loin de son pays. Alors que Laure-Marie se verrait bien rester à Berlin encore longtemps, c’est à Gordian que la France manque le plus. « Depuis longtemps, je rêve de retourner vivre en France. Après avoir déjà passé huit ans en France, je ne peux plus rester dans un mode de vie typiquement allemand. » Et quand Laure-Marie veut lutter contre le mal du pays, elle le fait en cuisinant : « A la maison, on cuisine aussi plutôt français. C’est important que les enfants ne soient pas déconnectés de la France pour la construction de leur identité et la cuisine est l’un des meilleurs ambassadeurs », conclut-elle.

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