L’indépendant

Astrid Ribois-Verlinde

Comme de nombreux couples franco-allemands, Antoine a fait le choix de s’installer à Berlin en 2009 car sa femme était originaire de là. « Sinon, je ne sais pas si je serais venu ici », explique ce Français de 55 ans. S’il n’a pas envie de rester indéfiniment dans la capitale allemande, il ne se verrait pas non plus repartir en France, un pays qu’il juge « invivable ». Séparé entre temps de sa femme, ce  travailleur indépendant spécialisé dans le montage vidéo laisse ses valises à Berlin surtout pour ses enfants. « Je resterai ici encore une dizaine d’années », précise-t-il, « mais pas plus longtemps : je n’aime pas l’hiver et les petits café typiques de la France me manquent ».

La nostalgie de la France s’arrête là. Ce dont Antoine a en horreur : les Français expatriés qui veulent recréer un morceau de France à l’étranger. « Les gens qui quittent la France pour la reconstruire ailleurs, avec la gastronomie ou les jours fériés, m’énervent et je n’ai surtout pas envie de les côtoyer », lâche-t-il. Pour ce fan de mangas, son rêve à Berlin serait d’ouvrir un lieu autour du Japon et des mangas, « mais qui va investir là-dedans ? Surtout avec quelqu’un qui ne parle pas allemand… » Ne par maîtriser la langue de Goethe est en effet le seul regret d’Antoine. « Je n’en ai pas besoin dans mon travail, car j’ai conservé mes clients français. Et je n’ai plus l’âge ou l’envie de suivre des cours d’allemand ». Même s’il n’a jamais regretté de s’être installé à Berlin, il n’aurait pourtant jamais pensé poser ses valises en Allemagne. « C’est un pays qui a un côté rigide, on a l’impression que tout est bien rangé et qu’on ne peut pas rigoler. A Berlin, c’est différent ; c’est un mélange entre l’ordre et un gentil foutoir. Pour moi, j’habite à Berlin, mais pas en Allemagne. »

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