Moshe Gershuni, l’artiste sans père ni mère

Moshe Gershuni, « No Father No Mother ». Le ton est donné pour cette exposition de la Neue Nationalgalerie de Berlin – la première de l’artiste dans un musée européen depuis plus de 30 ans – qui a débuté le 13 septembre dernier et qui s’achèvera le 31 décembre 2014. Né en 1936 à Tel Aviv, Moshe Gershuni est à la fois peintre et sculpteur. Relativement méconnu en Allemagne et en Europe, Moshe Gershuni a pourtant joué un grand rôle dans l’histoire de l’art contemporain d’Israël, ce qui lui a valu de remporter plusieurs prix. Cette nouvelle exposition, intitulée ”No Father No Mother“, n’est pas destinée à retracer le parcours artistique complet de l’homme, mais se concentre plutôt sur ses peintures réalisées entre 1980 et 2011.

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L’exposition débute en 1979 avec l’œuvre intitulée Wer ist Zionist, wer nicht, laquelle repose sur une complète dichotomie, sur le modèle « ou…ou » : ou bien ou mauvais, ou Dieu ou diable, ou blanc ou noir, ou sioniste ou non-sioniste. Cette opposition oblige le visiteur à prendre position. Une fois introduite, l’exposition se poursuit avec l’année 1980, où Gershuni développe des méthodes de travail particulières : à quatre pattes sur une toile posée sur le sol, il peint à la façon d’un animal. Il glisse, les mains recouvertes de peinture comme s’il saignait et mélange dans ses créations une approche linguistique et une approche immatérielle. D’après l’artiste, la langue peut conduire à des malentendus tandis que les couleurs sont moins trompeuses. Les peintures de Moshe Gershuni souvent colorées font référence à des figures israéliennes, des passages de la bible, des symboles et des signes (l’étoile de David, la croix gammée) ; il s’agit de les saisir sur l’ensemble des œuvres (peintures comme objets) qui sont par ailleurs la source de diverses interprétations. Ses œuvres iconoclastes sont ambiguës, insaisissables et interrogent la question de l’identité.


David, 1983 © Moshe Gershuni, courtesy Givon Art Gallery Tel Aviv

Alexia Robin

En vignette : Jerusalem Nights, 1985 © Moshe Gershuni, courtesy Givon Art Gallery Tel Aviv

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