Pauvre petite saucisse ! Tour d’horizon de nos expressions allemandes préférées

Upper right portion of a German 1964 Olympia typewriter showing the placement of ß and umlauts. Photographer, Arnold Paul / Arnoldius, 2006-03-02 Téléversée le 3 mai 2006 par Arbor sur Wikipédia anglais.

Que vous viviez à Berlin depuis des années ou que vous veniez d’y emménager, la langue de Goethe aura toujours de quoi vous surprendre. Pour parfaire votre intégration dans la capitale, VivreÀBerlin vous propose une sélection d’expressions allemandes, la plupart tirées du recueil C’est une affaire de saucisse de Bernard Marinier. Loufoques, terre-à-terre, parfois très proches des expressions françaises, voici nos Redewendungen préférées.

Quand les langues de Goethe et de Voltaire parlent à l’unisson

VivreÀBerlin commence cette série en douceur en vous faisant (re)découvrir les expressions pour lesquelles Allemands et Français utilisent les mêmes images. Une preuve de plus pour affirmer que nos deux langues ne sont pas cousines pour rien.

Ende gut, alles gut. = Tout est bien qui finit bien.

Rom ist auch nicht an einem Tag erbaut worden. = Rome ne s’est pas construite en un jour.

Wer ernten will, muss säen. = On récolte ce que l’on sème.

Die Kutte macht nicht den Mönch. = L’habit ne fait pas le moine.
À noter qu’il existe aussi le contraire en allemand : Kleider machen Leute.

Wer will, der kann / Wo ein Wille ist, ist auch ein Weg. = Quand on veut, on peut.

Der Appetit kommt beim Essen. = L’appétit vient en mangeant.

Keine Antwort ist auch eine. = Qui ne dit mot consent.

In den Wind reden.= Parler en l’air.

Das fünfte Rad am Wagen sein. = Être la cinquième roue du carrosse.

Den Ochsen hinter den Pflug spannen. = Mettre la charrue avant les bœufs.

Mit dem linken Bein aufgestanden sein. = S’être levé du pied gauche.

Grandville : Cent Proverbes – Source : H. Fournier Éditeur, Paris, 1845. Author : Granville (Jean-Ignace-Isidore Gérard) – Public Domain
À quelques nuances près

Quand il s’agit d’expressions, Français et Allemands voient presque le monde de la même façon. Voici quelques subtilités entre nos deux langues avec ces expressions pour lesquelles Allemands et Français ne font pas appel aux mêmes idées quand ils parlent d’une situation.

Wasser predigen und Wein trinken. = Faites ce que je dis, pas ce que je fais.
Pour une fois, ce ne sont pas les Français qui parlent de vin. Littéralement : prêcher l’eau et boire le vin.

Er ist nicht die hellste Kerze auf dem Kuchen. =  Ce n’est pas la plus brillante des bougies sur le gâteau. Comprenez : « ce n’est pas une lumière. » Ou « il n’est pas très brillant. »

Dumm wie brot. =  Bête comme le pain.
En France, on est « bêtes comme ses pieds », la variante polonaise est d’être bête comme une chaussure. En italien on est stupide comme une chèvre ou comme une poule…En allemand, on est bête comme le pain.

Lügen haben kurze Beine. = Le mensonge ne mène pas loin. Littéralement : les mensonges ont de petites jambes.

Die bösen Mäuler = les mauvaises langues.
Littéralement : les méchantes gueules.

Wo viel Licht ist, ist viel Schatten. = Toute médaille a son revers. Littéralement : là où il y a beaucoup de lumière, il y a aussi beaucoup d’ombre.

Männchen machen. = Faire le beau.
Littéralement : faire le petit homme.

Jemandem Hals- und Beinbruch wünschen. = Merde (pour souhaiter bonne chance à quelqu’un).
Comme les Français avant un examen, les Allemands souhaitent le pire à leurs amis, même s’ils y vont peut-être un peu fort. Littéralement : souhaiter à quelqu’un des fractures du cou et des jambes.

Einen Frosch im Hals haben. = Avoir un chat dans la gorge. Littéralement : avoir une grenouille dans le cou.

Welch ein Sauwetter ! = Quel temps de chien !
Parce que tout ce qui se rapporte de près ou de loin à une saucisse a des chances de finir en expression de langage. Littéralement : quel temps de truie !

Frei von der Leber reden. = Parler à cœur ouvert.
Avec toutes les quantités de bières que les Allemands ingurgitent chaque année, c’est avec leur foie qu’ils vous parlent quand ils sont sincères et non avec leur cœur comme ces sentimentaux de Français. Littéralement : parler librement du foie.

 

 

 

 

 

Ein alter Esel lernt nicht um. = On n’apprend pas à un vieux singe à faire la grimace. Littéralement : un vieil âne

Das trinkt sich wie Wasser. = Ça se boit comme du petit lait. Littéralement : ça se boit comme de l’eau.

Für drei essen. = Manger comme quatre.
Littéralement : manger pour trois.

Drei Käse hoch sein. = Être haut comme trois pommes. Littéralement : être haut comme trois fromages.

Palmarès des expressions que seuls les Allemands comprendront

Et voici une sélection des expressions les plus bizarres de la langue allemande : des plus farfelues à celles se rapportant à la bière et aux saucisses. Tour d’horizon :

Les loufoques
Il faut admettre que parfois, même en y réfléchissant bien, on a du mal à saisir le sens de certaines expressions et à comprendre ce que les Allemands ont contre « les rideaux suédois » ou pourquoi il n’y a rien de pire que « des anges qui chantent au ciel ».

Sei kein Frosch ! =  Ne fais pas des manières ! Une façon subtile de dire que les Français font toujours des manières ? Littéralement : ne sois pas une grenouille !

Schweinhund ! = Chien-cochon ! Une insulte aussi imagée qu’intraduisible.

Die Engel im Himmel singen hören. = Souffrir le martyr.
Pour les Allemands, il n’y a rien de pire que d’entendre des chérubins chanter sur leur nuage. Une question de goût sans doute. Littéralement : entendre les anges chanter dans le ciel.

Sich auf seine vier Buchstaben setzen. = S’asseoir.
Mystère absolu pour cette expression, sauf peut-être si l’on tient compte du fait qu’une chaise a généralement quatre pieds. Dans ce cas on pourrait comprendre que l’on s’assoie sur les quatre pieds de la chaise. Et encore ! Littéralement : s’asseoir sur ses quatre lettres de l‘alphabet.

Groβe Rosinen im Kopf haben. = Avoir la folie des grandeurs. Littéralement : avoir de gros raisins secs dans la tête.

Weiβe Mäuse sehen. = Être saoul.
Là où les Français voient des éléphants roses, les Allemands voient des souris blanches. C’est quand même déjà plus probable d’en rencontrer. Littéralement : voir des souris blanches.

Hinter schwedischen Gardinen sitzen. = Être en prison, derrière les verrous.
Outre-Rhin, les rideaux suédois sont la menace ultime dans un procès. Littéralement : être assis derrière des rideaux suédois.

Mit der Zeit pflückt man Rosen. = Petit à petit l’oiseau fait son nid.
Si l’expression française n’est pas difficile à comprendre une fois passée la grande section, on a encore du mal à voir où les Allemands veulent en venir avec cette histoire de cueillette. Littéralement : avec le temps on cueille des roses.

Jemanden auf den Arm nehmen. = Se moquer de quelqu’un. Littéralement : prendre quelqu’un sur le bras.

© TheUjulala / Pixabay


Les Allemands, la bière et les saucisses, une histoire d’amour
Ce n’est un secret pour personne : s’il y a bien un cliché qui sied aux Allemands, c’est bien cette passion qu’ils entretiennent pour les saucisses et la bière. La preuve en 4 expressions :

Es geht um die Wurst. = C’est une question vitale. Littéralement : c’est une affaire de saucisse.

Das ist mir Wurst. = Je m’en bats l’oeil.
Littéralement : c’est pour moi de la saucisse.

Es ist nicht mein Bier. = Ce n’est pas mon problème.
Littéralement : ce n’est pas ma bière.

Ein armes Würstchen sein. = Être un pauvre diable.
Littéralement : être une pauvre petite saucisse.

Variations sur le thème de la saucisse : Alles hat ein Ende, nur die Wurst hat zwei. Tout a une fin, sauf la saucisse qui en a deux…

BONUS : La vie est plus douce en France qu’en Allemagne
La preuve avec cette expression :

Wie Gott in Frankreich leben. =  Vivre comme un coq en pâte. Littéralement : vivre comme Dieu en France.

Astrid Ribois-Verlinde