Redécouvrir le corps au travers de la photographie du 19ème siècle.

 

A la fin du 19ème siècle la photo de nu se répand en Europe. L’exposition tente d’en expliquer les raisons. Une partie est consacrée aux nouveaux moyens de commercialisation. Paquets de cigarettes, cartes postales, publicités, le nu fait désormais partie d’une culture de masse contre laquelle se heurte la censure.

Mais le grand bouleversement est celui des mentalités. On enlève les corsets pour se promener nu dans la nature. Ou pour étudier. Un homme à la longue barbe, lit un livre dans un arbre creux. Debout, songeur, il nous montre un corps bien différent de celui des athlètes sur les clichés suivants. On découvre, on libère son corps mais on l’évalue dans le même mouvement. Les canons de beauté de l’époque envahissent les photos, posent et nous regardent. Ils défient la censure.

 

 

 

 

 

Représenter un corps nu n’est jamais neutre. Notre regard sur les autres et sur nous-mêmes s‘en trouve modifié. Sous couvert d’art ou d’étude médicale le corps humain est livré à tous les fantasmes. Des chérubins nus jouent de la flûte tandis que des indigènes des colonies sont exposés crûment dans leur différence.

Certaines photos, cependant, célèbrent le corps humain en lui-même, dans sa richesse d’expression. Les visages se floutent, seul le corps est représenté. Un homme est assis la tête entre les bras. La caméra ne peut deviner ses pensées. Mais dans ses mouvements se lit l’émotion. Un second langage que l’on connait mal. Ce sont bien sûr des moments volés et l’artiste s’éclipse pudiquement devant la beauté révélée.

Certaines images très quotidiennes interpellent. Elles semblent vouloir dire plus que la première impression. Dans An der Schwelle des Lebens un enfant nu, les bras levés, perdu dans la photo, se lance joyeusement sur le chemin pavé de la vie.

L’exposition ne présente qu’une infime partie des photographies de l’époque. Destinées à l’usage privé, beaucoup ont disparu. Ironie du sort, de nombreuses pièces proviennent du musée de la police de Basse-Saxe. Confisqués par la censure, ces clichés font aujourd’hui l’objet d’une exposition. B.S.-F.

Photos : – Frank Eugene (Smith) Adam und Eva1898/99 (veröffentlicht in: Camera Work, 1910), Heliogravure© Staatliche Museen zu Berlin, Kunst-bibliothek.
– Léon Gimpel Beim Bildhauer 1911, Autochrom © Société française de photographie, Paris.

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