Shalom Berlin !

L’art d’Israël s’invite à Berlin : à l’occasion du 50e anniversaire des relations amicales entre l’Allemagne et Israël, le Tel Aviv Museum of Art a choisi d’exposer 72 œuvres de sa collection au Martin-Gropius-Bau de Berlin jusqu’au 21 juin. Chefs-d’œuvre de l’art moderne et réalisations d’artistes israéliens contemporains font la richesse et la beauté de cette vaste exposition.

Le 7 juin 1973 marque le début d’une visite diplomatique historique : celle du chancelier allemand Adenauer en Israël. Événement historique, car il fut un temps où personne n’aurait cru que les relations germano-israéliennes évolueraient de la sorte. Rappelons que jusqu’en 1956 et sur fond de ressentiment amer, tous les passeports israéliens portaient la mention « valable pour tous les pays du monde, à l’exception de l’Allemagne ». Ce n’est que le 12 mai 1965 que l’État d’Israël et la République d’Allemagne décident de nouer des relations diplomatiques. Cette année, de nombreux projets et manifestations en rappellent le souvenir.

 

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« C’est une exposition remarquable et un moment historique », commente Suzanne Landau, directrice du Tel Aviv Museum of Art. Les œuvres uniques de Marc Chagall, Wassily Kandinsky, Jackson Pollock, Alberto Giacometti ou encore Pablo Picasso, se juxtaposent aux travaux d’une jeune génération d’artistes captivants. Installations vidéo, peintures, photographies de Yael Bartana, Guy Ben-Ner, Zoya herkassky, Raafat Hattab, et de Nira Pereg pour ne citer qu’eux, prennent place pour offrir une perspective variée, nuancée et critique de l’engagement.
Yael Bartana par exemple, tente de saisir l’histoire du peuple juif de Palestine à travers sa trilogie vidéo « And Europe will be stunned » où mythe et réalité se confondent. Dans le premier volet, un activiste polonais tient un discours imaginaire devant la foule enrôlée d’un stade varsovien, exhortant les trois millions de Juifs ashkénazes à rentrer en Pologne – une référence aux nombre de Juifs y ayant vécu avant l’Holocauste. Manifeste pour un Mouvement de la Renaissance juive en Pologne, l’œuvre filmique d’une heure n’est pas sans rappeler la propagande allemande des années 1930 – celle de Leni Riefenstahl – et a représenté la Pologne lors de la 54e Biennale de Venise.
Le passage d’une salle à l’autre est d’une grande fluidité. Chacune arbore un thème unique, rendant l’ensemble homogène, par opposition à une région du monde qui ne l’est pas. « La frontière est mince entre les références historiques et le registre fantastique », indique la commissaire Ellen Ginton. « Nous essayons de créer un dialogue entre chacune des formes d’art », ajoute Suzanne Landau. Parmi les thèmes des salles d’exposition où peintures côtoient vidéos et tableaux vivants (la neuvième salle est animée par un duo de musiciens), on retrouve le contraste ville-paysage, le statut des femmes dans la société ou encore la vie juive traditionnelle. L’exposition ne manque pas d’informations, chaque artiste israélien ainsi que son œuvre respective étant présentés de manière exhaustive.

Bien plus qu’une exposition artistique, « Tel Aviv Museum of Art visits Berlin » est une métaphore de l’état actuel des relations entre l’Allemagne et Israël. « Une exposition exceptionnelle pour un événement exceptionnel » selon les mots de Raphael Gamzou du ministère israélien des Affaires étrangères, qui marquent 50 ans de relations diplomatiques et de dialogue fructueux entre deux alliés fidèles.
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Marc Chagall, Solitude, 1933 © VG Bild-Kunst
Vignette : Marc Rothko, No. 24, 1951 © Kate Rothko-Prizel & Christopher Rothko
1ère photo : And Europe Will Be Stunned, 2007-2011 © Yael Bartana

Clara Lehmann

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