Une tournée théâtrale à vélo pour commémorer le centenaire de la Première Guerre Mondiale

« La pièce Manèges fait passer un message pacifiste en traitant sur le mode fantaisiste des thèmes de la guerre et de la paix. » Clément Labail, l’auteur de la pièce, est un Européen convaincu. Avec Christina Gumz, sa compagne à la ville comme sur la scène, ils ont décidé de commémorer à leur manière les célébrations du centenaire de la Première Guerre mondiale. Leur objectif ? Faire une tournée théâtrale à vélo de Berlin à Paris.

C’est dans une crêperie française de Kreuzberg que Clément Labail explique comment est né ce pari fou. « C’est Christina qui a eu l’idée de faire cette tournée à vélo. Elle, étant Allemande, et moi Français, et la pièce se jouant dans les deux langues, la tournée passera par des endroits historiques marqués par la guerre » explique l’auteur et comédien. Au programme : deux mois de tournée dans 30 villes, le tout à vélo, transport du décor et des costumes compris.

Manèges met en scène un couple de forains qui aspirent à un destin différent. Alors que lui se contente de sa vie tranquille et de sa situation, elle a besoin de nouveau, de changement et de voyages. « Ce couple est un peu une résonance avec Martine et Sganarelle du Médecin malgré lui de Molière » précise Clément. « Ils se disputent joyeusement. Ce sont deux personnages plein de fantaisies qui se battent pour réaliser leur rêve. »

La pièce avait été écrite une première fois en 2002. « Christina avait eu l’idée de deux utopistes qui veulent refaire le monde. » C’est finalement Clément qui couche cette idée sur le papier. Ecrite initialement en français, la pièce, qui s’intitulait alors Scène de manèges, avait été jouée quelque temps à Paris, lorsque le couple franco-allemand habitait dans la capitale française.

Huit ans plus tard, Clément et Christina retrouvent une nouvelle énergie à reprendre leur rôle. « C’est une période de renaissance pour nous. Nous avons de nouvelles sensations. On est vraiment gonflés à bloc pour la rejouer ». Finalement éditée par A verse, la pièce s’intitule désormais Manèges et a subi quelques modifications minimes mais surtout, elle a été traduite en allemand pour s’adapter à son nouveau public d’Outre-Rhin. La mise en scène est co-signée Carole Massana, qui travaille au Café de la gare à Paris, théâtre qui a notamment vu passer Coluche et Gérard Depardieu à leurs débuts.

En plus des spectacles, les deux comédiens animeront des ateliers artistiques en proposant des stages d’apprentissage de langues pour des jeunes. Une occasion de découvrir la langue du pays voisin par le théâtre. « Nous voulons faire un peu rêver les gens à travers une action artistique et socio-culturelle et montrer qu’il y a encore plein d’initiatives possibles sur le plan européen », souligne Clément.

Les deux comédiens devraient débuter les représentations à Berlin en mai 2014. « Mais nous avons dû décaler la tournée à l’année prochaine car nous n’avons pas assez de soutien », explique Clément. Le projet est en effet estimé autour de 15 000 à 20 000 euros. « Nous sommes encore à la recherche de sponsors, de soutien et de mécénat pour financer toute la logistique. Nous avons besoin de louer des salles de répétition et de trouver des fonds pour le travail artistique, la mise en scène, les comédiens, les créations lumières, l’organisation de la tournée et bien entendu, les deux vélos. »

Clément Labail et Christina Gumz sont les fondateurs de la compagnie théâtrale Au fil des nuages, fondée en 2005 à Paris et dont la particularité est de jouer des pièces en allemand et en français. « En tant que comédien, on éprouve un réel plaisir de jouer dans une langue étrangère. Il y a un vrai travail physique sur le texte. Ce concept de théâtre franco-allemand est une manière de montrer que l’on peut éprouver des sentiments dans une langue étrangère. Pour chaque pièce, la mise en scène reste la même. On pourrait dire que la partition est la même mais que seul l’instrument change », s’amuse à comparer Clément.

Propos reccueillis par Astrid Ribois Verlinde

Photo © Christina Gumz

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