Brésil : Aux sources de la modernité

Le Musée de la photographie de Berlin accueille pour la première fois, en collaboration avec l’Institut Moreira Salles, une rétrospective sur le Brésil de l’après-guerre. Une période placée sous le signe du renouveau, notamment sur le plan urbanistique avec l’apparition du Neoconcretismo architectural porté par Oscar Niemeyer qui participe à la création de Brasilia, la nouvelle capitale administrative dont la construction s’achève en 1961.

Au côté du brésilien José Meireiros, trois photographes européens témoignent de ce virage résolu vers la modernité : le hongrois Thomas Farkas, le français Marcel Gautherot et l’allemand Hans Günter Flieg. Ces derniers sont fortement influencés par “la Nouvelle Vision”, courant photographique établissant un nouveau langage visuel, rendu possible par le lancement d’appareils plus maniables, dont le Leica qui permet des angles de vue inédits tels que la plongée ou la contre-plongée.

Dans le cadre de son travail pour la revue “O Cruzeiro”, le reporter José Medeiros (1921-1990), saisit dans l’objectif de son Rolleiflex, une galerie de portraits de la jeunesse dorée, adepte des bals mondains et des bains de soleil. Il explore également l’univers des rituels chamaniques et initiatiques des indiens qu’il contribue à faire connaître du grand public.

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Thomas Farkas
(1924-2011), dont le père Desidério Farkas est le fondateur de la célèbre boutique “Fototica”, fait œuvre de documentariste (il mènera en parallèle une carrière de cinéaste), couvrant les grands événements politiques du pays, à l’instar de l’inauguration de Brasilia en 1961 et des scènes de liesse qui l’accompagnent.

Marcel Gautherot (1910-1996) met en lumière les mutations sociologiques du pays, abordant aussi bien le folklore brésilien, au travers de la vie quotidienne des pêcheurs employant des techniques ancestrales que les projets architecturaux pharaoniques de Niemeyer.

Fuyant la montée du nazisme, Hans Günther Flieg (né en 1923), arrivé à Sao Paulo à l’âge de seize ans, connaît la forte influence du Bauhaus allemand qui révolutionne alors les arts plastiques. En témoigne son travail sur l’émergence d’une société industrielle qui montre des contremaîtres et ouvriers aux prises avec la toute-puissance de la machine.

La nouvelle vision

Courant artistique formé durant l’entre deux-guerres dans le sillage du Bauhaus autour entre autres de László Moholy-Nagy (1895-1946) et d’Alexandre Rodtchenko (1891-1956), la Nouvelle Vision considère la photographie comme un medium autonome et libre. L’usage de prise de vues inhabituelles, les jeux de lumières et de contrastes au même titre que la pratique du photomontage et du collage sont des caractéristiques phares de son esthétique.


A.R.

En-tête : José Medeiros Gavéa, Rio de Janeiro, 1952 © Instituto Moreira Salles
Marcel Gautherot Guerreiros Alagoas, um 1943 © Instituto Moreira Salles
Hans Gunter Flieg Pirelli-Zentrale: Ansicht der Fassade mit Vordach und dem Straßenpflaster mit dem Firmenlogo, São Paulo, um 1961 © Instituto Moreira Salles
Thomaz Farkas Pacaembu Stadion, São Paulo, 1942 © Instituto Moreira Salles

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