Bube Dame König Ass: combinaison gagnante à la Nationalgalerie

Jusqu’au 24 novembre 2013, la Neue Nationalgalerie accueille l’exposition Bube Dame König Ass (Valet, Dame, Roi, As). Dans le cadre du projet ‘Painting Forever!’ qui se tient lors de la Berlin Art Week, l’institution présente le travail de Martin Eder, Thomas Scheibitz, Michael Kunze et Anselm Reyle, artistes de la même génération, vivant et travaillant à Berlin. 

A travers l’imagerie des cartes maîtresses, l’intitulé de l’exposition évoque une analogie entre art et jeu de société que tenait à souligner Udo Kittlelmann, directeur de la Neue Nationalgalerie et commissaire de l’exposition. De même que c’est en jouant que les cartes prennent valeur d’atout, c’est par l’appréciation du regardant, quand le critère esthétique est guidé par l’émotion, que l’œuvre trouve sa vérité. A l’instar du jeu de cartes qui offre une infinie possibilité de combinaisons, la qualité de l’œuvre ne s’épuise pas dans l’analyse. Elle se renouvelle au contraire à chaque regard. C’est ce que (dé)montrent, chacune à sa manière, les œuvres pour la première fois rassemblées de ces quatre artistes. Et si leurs techniques et leurs univers diffèrent, tous mettent en question les dichotomies traditionnellement établies entre abstraction et figuration.

Martin Eder (*1968) – Son univers se situe à mi-chemin d’une forme insolite de sensualité et d’un kitsch des plus fantaisiste. Les objets et référents de la vie commune à l’instar du chaton, l’une de ses figures récurrente, dérangent ici plus qu’ils ne rassurent. En écho à la pièce de Frank Wedekind, le tableau ‘Frühlingserwachen, où est abordé le thème de l’éveil au désir provoquant un comportement absurde, témoigne brillamment de ce malaise.

bube-dame-könig

Martin Eder – Une année sans lumière (2005)/ / Schweigen (2009).-Anselm Reyle – Ohne Title (2012)/ Black Earth (2008)/ Ohne Title (2007).-Michael Kunze – Detail Vormittag (1992-1995)–Thomas Scheibitz – GP 175 (2013) / Speicher (2010).

Thomas Scheibitz (*1968) – Issu de l’école de Dresde, l’un des trois viviers (avec Leipzig et Berlin) de la scène montante, Thomas Scheibitz fait partie de ces « Young German Artists » qui font bouger les codes de la peinture actuelle. Ses œuvres sont énigmatiques, emplies de formes épurées, de larges aplats de couleur, de lignes brisées et décentrées. C’est une peinture du processus : du passage entre le figuré et l’abstrait, la silhouette d’un cygne prisonnier de bandes colorées se laisse encore deviner, les arbres s’épurent de leurs feuilles et de leurs troncs…

Michael Kunze (*1961) – Citant Albert Camus ou Lars Von Trier comme principales sources d’inspiration, il nous fait entrer dans des mondes crépusculaires, à l’image de son monumental “Vormittag” qui détourne les codes de l’architecture antique. «J’ai voulu tourner en dérision l’impérialisme architectural des grecs et des romains », confie l’artiste au magazine “Time Out” en 2012. Les corps représentés dans des situations intrigantes ou cocasses, à peine visibles, sont submergés par l’espace, par le poids du mythe.

Anselm Reyle (*1970) – Acryliques, matières chatoyantes, éclats de miroirs : une profusion de couleurs et de matériaux domine son œuvre. N’hésitant pas à utiliser des d’objets manufacturés, dans l’esprit du ready-made, Anselm Reyle interroge les prérequis de l’art, décrivant son propre projet comme “un exercice de funambule”, un équilibre précaire entre grand art et culture de masse. Un grand écart que l’artiste connaît bien, lui qui fut un temps destiné au métier de jardinier-paysagiste et qui créa l’an dernier une collection de sacs pour Dior.

Painting Forever! est un événement organisé en collaboration avec la Berlinische Galerie, la Deutsche Bank KunstHalle, le KW Institute for Congtemporary Art et la Nationalgalerie- Staatliche Museen Berlin. C’est la première fois que ces quatre institutions travaillent conjointement. A.R.

Laisser un commentaire