Hilma af Klint, une des pionnières de l’Abstraction

Pour la première fois, presque 200 œuvres de l’artiste suédoise Hilma af Klint (1862-1944) sont regroupées et exposées à la Hamburger Bahnhof. Pionnière de l’abstraction avant même Kandinsky, Kupka, Mondrian ou Malevitch, elle ouvre une nouvelle voie à partir de doctrines mystérieuses, comme l’ésotérisme et l’occultisme. Ses peintures dialoguent les unes avec les autres et son art ainsi rassemblé prend tout son sens. Classés par périodes, séries ou groupes, ses travaux ont été réalisés pour le futur. Par voie testamentaire, Hilma af Klint souhaita que ses oeuvres ne soient présentées au public que vingt ans après sa mort, soit pour la première fois en 1964.

De son vivant, elle n’a presque pas montré ses œuvres. Son époque n’était pas assez mûre pour comprendre son art. Hilma af Klint est une des premières femmes à l’académie des arts de Stockholm. Elle n’a peur de rien et s’affirme au même titre que ses collègues masculins. Beaucoup de ses oeuvres sont de grands formats, comme ceux de la série Die zehn Grössten. Des formes, des couleurs, des lettres, semblent vouloir nous dire quelque chose. Ce langage pictural abstrait est sans nul doute irrecevable à l’époque.
Hilma af Klint croit à l’existence d’un monde spirituel, au-delà du visible. Les symboles religieux sont très
présents dans son œuvre. Sa série Altarbilder représente l’ascension de l’esprit humain jusqu’à sa forme la plus aboutie, une fusion des religions particulières.
Selon elle, la nature regorge de forces dont l’homme n’a pas conscience. Un ordre divin dont le chaos n’est qu’apparent régit les choses à notre insu. Dans Die Evolution 1908 des ovales nous fixent. Le spectateur y lit les visions d’un autre monde. Le bleu sombre de la nuit se déchire dans Ohne Titel 1920 et l’on aperçoit du doré, comme un sourire. Hilma af Klint est un médium par qui l’œuvre se crée.
Dans la deuxième salle de l’exposition sont présentés des dessins « automatiques » réalisés en état semi-conscient par l’artiste. Des formes et des couleurs indéterminées jaillissent de ces exercices et l’aiguillent vers de nouvelles possibilités d’expression.

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Bien que très personnel, l’univers de Hilma af Klint est emprunt de rationalité. Elle ne délaisse jamais le monde de la nature, au contraire. Elle le sonde afin d’en découvrir les ressorts cachés comme lorsqu’elle réalise une série de dessins sur l’atome ou fait des études botaniques d’une grande précision à l’aquarelle.
Toute sa vie durant, elle tient des cahiers dans lesquels elle s’efforce de comprendre son art, d’expliciter le sens de ses symboles. Sa démarche est réflexive. Son art ne constitue pas une réflexion sur les formes et les couleurs. Son abstraction est formelle à la différence de celle de Kandisky. Ses préoccupations sont d’abord celles de son époque, marquée par les mouvements spiritualistes.
Cependant les questions posées dans les œuvres sont d’une étonnante actualité puisuq’elle nous interroge sur le temps, et les changements de perception à travers les générations. B.S.-F.

– Hilma af KlintAltarbild Nr. 1Gruppe X, 1915Öl, Tempera und Gold auf Leinwand, 185 x 152 cm© Stiftelsen Hilma af Klints Verk, Foto: Moderna Museet / Albin Dahlström
– Installationsansicht Hamburger Bahnhof, Berlin© Staaatliche Museen zu Berlin, Foto: David von Becker
– Hilma af KlintDie zehn Größten, Nr. 2, KindheitGruppe IV, 1907Öl und Tempera auf Papier, auf Pappe montiert, 328 x 240 cm© Stiftelsen Hilma af Klints Verk, Foto: Moderna Museet / Albin Dahlström
– Hilma af Klint im Atelier, ca. 1895Hilma af Klint’s archives© Stiftelsen Hilma af Klints Verk

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