Les obsessions d’un siècle – R.B. Kitaj

Très peu connu sous nos latitudes, R.B. Kitaj mérite pourtant de faire partie des grands noms de la peinture du 20ème siècle. Le Musée Juif de Berlin lui consacre une grande rétrospective intitulée Obsessions.

Les obsessions de R. B. Kitaj sont nombreuses. La poursuite de son identité est sans doute la plus tenace. Les 130 tableaux exposés depuis la semaine dernière retracent les étapes clés de la vie de cet artiste américain né en 1932 de parents juifs immigrés. La quête de ce qu’il nomme un «art juif» inéxorablement lié à la diaspora l’obsédera depuis sa découverte, dans les années 70, des travaux de Hannah Arendt jusqu’à son suicide en 2007. Cette obsession fera de Kitaj un artiste nomade, prolifique, profond et controversé.

 

 

Ses questionnements l’emmèneront à Vienne, Paris, Londres, en Catalogne et en Californie. Il deviendra progressivement plus qu’un simple plasticien. Il sera aussi un analyste, un chercheur, un théoricien de l’art. De fait, l’œuvre de Kitaj est très codifiée, mais demeure heureusement accessible.
Le simple fait de traverser les 13 salles thématiques aménagées dans le cadre de la rétrospective provoque un effet immédiat. Les couleurs vives, les figures expressives, la multitude de techniques utilisées (collages, reproduction de photos, typographie) et l’intensité dramatique des compositions déclenchent d’emblée de fortes impressions. Il ne s’agit pourtant que d’un début. Si l’on prend le temps de décoder les images, on comprend alors qu’en nous racontant son histoire, Kitaj fait raisonner toute l’histoire du 20ème siècle. Bien que souvent politisées, les œuvres ne tombent pas pour autant dans certains travers de l’art partisan dont l’esthétique est souvent prisonnière du discours. Kitaj évoque ces thèmes avec une grande liberté, un regard distant, subtile et même teinté d’humour.

Pour comprendre pleinement la démarche de l’artiste, le Musée Juif propose une série d’explications courtes et claires tout au long du parcours. Un audioguide (en allemand et anglais) est également disponible, diffusant des textes rédigés par R.B. Kitaj. Les visiteurs ont ainsi l’agréable sensation d’être accompagnés par l’artiste expliquant la façon dont il a conçu ses tableaux. De nombreuses rencontres et visites guidées sont organisées jusqu’à la fin de l’exposition. J.B.

The Wedding, 1989-1993 © R.B. Kitaj Estate. Tate, London 2012
The Murder of Rosa Luxemburg, 1960, © R.B. Kitaj Estate. Tate, London 2012

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