Un peu de techno avec votre café ?

Sept heures du matin. À ma droite, un homme d’une trentaine d’années vêtu d’un tutu rose clignotant me sourit. À ma gauche, une étudiante qui semble tout droit sortie des années 1970, avec de longues tresses blondes, s’amuse à faire des bulles de savon tout en dansant sur la musique techno de façon… originale. Sur la petite estrade devant moi, une DJ anglaise répondant au nom d’Annie O., et au look particulièrement coloré, balance une belle dose d’électro-swing dans la salle. En arrière-plan, une dizaine de personnes en tenues d’aérobic fluorescentes sont en pleine séance de ce qui s’apparenterait à du yoga.
Aurais-je malencontreusement changé d’espace-temps ? Pas du tout, je suis arrivée depuis une demi-heure à la troisième édition des matinées Morning Gloryville berlinoises et la quantité de bizarreries observées est déjà élevée.

Morning Gloryville – « Rave yourself into the day »

Deux Anglais, Samantha Moyo organisatrice d’événements et Nico Thoemmes ‘bodywork therapist‘ sont à l’origine de cette idée dont la première édition a eu lieu en mai 2013 à Londres. Aujourd’hui, 16 capitales dont Paris, New-York, Melbourne, Tokyo et bien sûr Berlin font simultanément la fête de 6h30 à 10h30 un mercredi par mois. Dans la capitale allemande, c’est au Neue Heimat à Friedrichshain qu’elle prend place depuis décembre. Pour les Morning gloryvillageois, danser à l’aube permet de se libérer l’esprit, de brûler des calories et de faire le plein d’énergie. Ces événements sont ouverts à tous, la seule condition étant d’être prêt à s’amuser sans drogues ni alcools.

techno-café
Le 25 février dernier, 600 personnes ont opté pour ce réveil déhanché. Parmi eux, majoritairement des étudiants curieux et toujours prêts à faire la fête, des salariés cherchant à « booster leur créativité« , mais aussi des (futures) mamans qui n’osent plus sortir la nuit. Le plus étonnant reste cependant d’apercevoir des enfants et bébés (l’un de trois mois et demi !) dansant à côté de papys sous des pluies de confettis multicolores lancés au rythme de la techno…

Une bonne humeur règne sur la piste de danse, tout le monde sourit, crie et se tape dans les mains. Mais ceux qui ne dansent pas doivent faire preuve de patience en faisant la queue : pour entrer dans la salle, (10 € billets pris à l’avance sinon 15 €), pour le vestiaire (1 €), et pour atteindre les différentes sortes de cafés bio (à partir de 2 €) ou brownies et smoothies fraîchement pressés (2,50 € et 4,50 €). Côté activités gratuites : on s’inscrit sur liste d’attente pour les massages (quand il reste de la place) et on attend son tour si on veut se faire badigeonner la figure de paillettes ou avoir une place au cours de yoga.

A dix heures, la soirée – enfin, matinée – prend fin. Rares sont ceux qui se rendent au travail, on prévoit plutôt de rentrer prendre un petit déjeuner et une douche avant d’enchaîner sur une sieste réparatrice dans l’après midi.Si le concept est bon, surtout pour les personnes ne pouvant sortir la nuit, en pratique on regrette d’attendre autant, de ne pouvoir profiter de tous les services et que tout paraisse un peu faux – on pourrait, par exemple, plutôt qualifier le yoga de séance d’étirements… Difficile, en effet, de gagner une vraie légitimité dans une ville comme Berlin où les possibilités de faire la fête sont déjà multiples.

Maintenant, à vous de vous en faire une idée !

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