Une partie de la collection Bayer se dévoile à Berlin

Gerhard Richter: Abstract painting (555) 1984Öl auf Leinwand © Gerhard Richter 2012

Quelques 240 œuvres issues de la collection privée du groupe pharmaceutique allemand Bayer, qui fête ses 150 ans cette année, sont montrées pour la première fois au grand public au Martin-Gropius-Bau dans le cadre d’une exposition intitulée De Beckmann à Warhol: l’art du XXe et du XXIe siècle.

Sorte de who’s who de la peinture du XX et XXIe siècle, la collection – une des plus ancienne d’Allemagne – est tout simplement sublime. Les expressionnistes Beckmann, Kirchner et Pechstein côtoient les dessins et peintures de Pablo Picasso, Sam Francis, Miró, Gerhard Richter, Andy Warhol, Andreas Gursky, Imi Knoebel…

Pourtant, regrouper des artistes qui, plus que jamais, affirment la singularité d’une démarche, est un pari difficile.

L’art contemporain est protéiforme, d’inspiration diverse, comment le rendre intelligible pour un visiteur non averti ?

L’exposition a opté pour un classement minimal. Le but n’est pas de faire un panorama de l’art d’aujourd’hui. Organiser ce labyrinthe de formes et de couleur est peine perdue. Bien au contraire, disposées dans l’ordre chronologique, les œuvres nous interrogent. A nous d’établir des correspondances.

Un petit coup de pouce tout de même; on distingue différents ‘groupes’ d’artistes. Les expressionnistes allemands, 1ers et 2èmes vague comme Beckmann, puis ceux de l’école de Paris avec Picasso et Braque. L’art d’après guerre, informel, abstrait, avec Ernst Wilhelm Nay notamment. Les américains de la côte ouest comme Hockney et enfin les artistes allemands des années 80 et 90, très contemporains, souvent provocateurs, extrêmement diversifiés. Pour le reste, nous sommes livrés à nous-mêmes, devant des tableaux de plus en plus abstraits.

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On commence par les dessins de Nolde, qui croque en quelques traits rapides des sujets très quotidiens. Avec des couleurs primaires qui accentuent les contrastes, ce qui est représenté est de plus en plus simple; de faux dessins d’enfants. Puis on finit par les taches de couleur soigneusement disposées sur les toiles de Nay; une réflexion sur la couleur, comme objet même de l’œuvre.

Sont exposées également des photos, sculptures, mais aussi d’énigmatiques constructions à la composition savante, qui effacent les frontières entres art, sciences et technologie.

Ainsi, on a devant les yeux un peu plus d’un siècle d’une quête de liberté par et dans l’art. Cette recherche s’est effectuée sur fond de guerres, et autres évènements traumatiques du XXe siècle. Beaucoup d’artistes de la première moitié du siècle ont d’ailleurs vu leurs œuvres interdites voir détruites par le nazisme. Les exposer ainsi à Berlin, est un symbole fort.

L’exposition est donc à l’image de l’art aujourd’hui, très diversifiée. Face à cette diversité, et à une beauté de moins en moins évidente, on est songeur. Et c’est l’objectif de la collection Bayer. L’art n’est pas un simple objet d’exposition, il doit nous mobiliser personnellement. Les salariés du groupe peuvent d’ailleurs décorer leur bureau avec les œuvres de la collection qui leur plaisent. Ainsi l’art a un impact dans leur quotidien.  B.S.-F.

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