Le nouvel aéroport de Berlin (BER) a beaucoup fait parler de lui ces dernières semaines. Sans surprise, il n’ouvrira pas avant au moins 2015 mais le président de l’aéroport espère pouvoir mettre en place des premiers vols tests à partir du 1er juillet 2014.
Après des dizaines de reports, le maire de Berlin Klaus Wowereit (SPD) a finalement reconnu le 7 janvier que les nombreux problèmes de sécurité à résoudre sur la plateforme empêcheraient toute ouverture de l’aéroport cette année. Quant à savoir s’il ouvrira officiellement en 2015, la question est restée ouverte, sans réponse précise. Le maire de Berlin, qui est aussi président du Conseil de surveillance de l’aéroport BER, estime que l’on ne peut pas encore répondre à cette question, selon le Berliner Morgenpost.
Une possible ouverture partielle en juillet 2014
Le fiasco de ce chantier titanesque laisse peu d’espoir quant à une possible ouverture partielle à l’été 2014. Seul Hartmut Mehdorn, le CEO de l’aéroport BER, reste optimiste. Cette ouverture partielle concerne la jetée nord de l’aéroport. Trois à dix vols par jour pourraient être assurés au départ et à l’arrivée de la plateforme encore en chantier, précise Der Tagesspiegel. Des équipes mixtes des aéroports de Tegel et de Schönefeld assureront les services d’accueil, de sécurité, d’intendance technique, de police et de douane du nouvel aéroport lors de cette période d’essai. Ce sont les membres d’équipage de la compagnie aérienne Germania qui devraient également assurer les premiers vols.
Pourtant, le chantier est loin d’être terminé même pour les seuls vols d’essais de juillet 2014. Toujours selon Der Tagesspiegel, réseaux sans fil, systèmes d’alarme, gestion de la vidéo, technologies de commande et sécurité des ascenseurs sont encore à améliorer et à soumettre à des tests de vérification. Toutes ces exigences devront être remplies avant le premier vol potentiel de juillet.
Un budget multiplié par trois
Les nombreux retards du projet ont fait exploser le coût de l’aéroport, estimé initialement à 2,5 milliards d’euros selon le Wall Street Journal. Aujourd’hui, les coûts avoisineraient 4 à 6 milliards de dollars. Pour Le Journal de l’Aviation, chaque mois « alourdit le budget de 35 à 40 millions d’euros« .
Selon Der Spiegel, les problèmes de défaillance et de retards étaient inévitables. Dans un article publié en 2012, l’hebdomadaire allemand critiquait déjà l’attitude des instances publiques, plus occupées à privilégier leurs intérêts politiques, notamment en vue des élections municipales, que de laisser la construction du nouvel aéroport à la charge de compagnies privées plus performantes et surtout plus habituées à la mise en œuvre de travaux d’une telle envergure.
Une gestion publique défaillante
Élaboré quelques années après la réunification, le projet est finalement initié lorsque Klaus Wowereit devient maire de Berlin en 2001. À cette époque, il assure que le chantier titanesque sera terminé pour 2007. Alors qu’à l’origine, un consortium, impliquant la participation de Hotchief, une entreprise de construction, était en charge de financer, construire puis exploiter le fonctionnement de l’aéroport, Klaus Wowereit estime que l’État est capable de remplacer ces opérateurs privés. Déterminé à montrer que le secteur public peut faire aussi bien que le secteur privé, il renvoie le consortium en 2003. Désormais, c’est la Flughafengesellschaft, la compagnie aéroportuaire de Berlin, qui détient les rênes de la construction de l’aéroport. Le début d’un fiasco sans fin.
Astrid Ribois-Verlinde
Photo: Flughafen Berlin-Brandenburg, Flugbrücken © Muns /on commons.wikimedia.org/ GNU Free Documentation License 1.2