Berlin est une grande ville. Rien d’étonnant à ce qu’elle regorge de lieux laissés abandonnés. D’une part, la chute du mur et la réunification ont laissé certains bâtiments devenus inutiles vacants, tandis que d’autres ont été revendus à la va-vite, sans réelle volonté de reconversion.
D’autre part, si le prix de l’immobilier ne cesse de grimper dans les quartiers centraux, ce n’est pas le cas des espaces les plus éloignés de la Ringbahn. On comprend donc pourquoi la ville de Berlin se retrouve avec des centaines de bâtiments sans repreneurs ; le rachat et la rénovation de plusieurs hectares coûtant probablement plus cher que les bénéfices d’une éventuelle exploitation.
Parmi les plus connus de ces lieux, on compte bien sûr Teufelsberg, dont l’entretien résulte d’un accord original trouvé entre la mairie et d’anciens squatteurs reconvertis en guides touristiques. Mais qu’en est-il de ces autres terrains à l’appartenance juridique floue et à la surveillance négligée ou inexistante ?
Ces endroits sont devenus le paradis des grapheurs, des photographes amateurs et des touristes en quête d’originalité. Cet engouement s’est malheureusement accompagné de la détérioration volontaire de nombreux bâtiments comme en témoigne l’incendie, probablement d’origine criminelle, du Spreepark l’année dernière. La surveillance de ces lieux a donc été renforcée, d’abord pour éviter les accidents et ensuite pour la tranquillité des riverains, qui n’apprécieraient pas l’organisation de rave parties en face de chez eux.
Alors, quels lieux visiter sans risques ? Voici notre sélection :
L’ancien institut d’anatomie de la Freie Universität :
Sans doute l’un des plus connus et impressionnants, ce département de la faculté de médecine de l’université libre de Berlin située à Steglitz est abandonné depuis 2005, date à laquelle de nouveaux locaux ont étés ouverts dans le quartier de Mitte. On y trouve un impressionnant amphithéâtre, de nombreuses salles encore en bon état, des couloirs à la pelle et même quelques tables de dissection qui ajoutent une note sinistre au lieu.
Plutôt facile d’accès, l’endroit est tout de même surveillé par les habitants des bâtiments proches. Il est donc raisonnable de ne s’y attarder que de jour et de décamper si vous vous faites remarquer. Compte tenu de la solidité du bâtiment, c’est un lieu sans risques.
Le Blub, un parc aquatique en faillite à Neukölln :
C’est le moins inquiétant de la liste. Le Berliner Luft- und Badeparadies (Blub) a fait faillite au début des années 2000. Ce complexe aquatique avec piscines, toboggans et saunas n’a pas trouvé de repreneurs lorsqu’il s’est retrouvé en liquidation judiciaire. Cependant, un fonds d’investissement allemand a récemment racheté le terrain afin de construire des appartements de luxe. Ces prochains mois seront donc sûrement les derniers où il sera possible de déambuler sur les carrelages laissés à l’abandon. Profitez-en pour vous promener dans cet endroit étonnamment coloré, une visite de jour étant encore la meilleure option pour prendre des photos et pour profiter de la luminosité du lieu.
Là encore, l’accès est très facile, mais la situation pourrait changer si les travaux de démolition commencent bientôt.
Le Kinderkrankenhaus de Weissensee :
Peut-être le plus étrange des trois. C’est un ancien hôpital pour enfants, en périphérie au nord, à Weissensee. D’extérieur véritablement sinistre, le bâtiment a été décoré par des artistes vraiment doués. D’étranges graffitis aux motifs surréalistes côtoient des pièces aux murs peints de motifs psychédéliques.
On se croirait presque dans Alice au pays des merveilles, tant le délabrement du lieu est contrasté par des tempêtes de couleurs sorties de nulle part. Attention cependant, le bâtiment est en très mauvais état et une visite de jour prudente s’impose. Vous n’êtes pas à l’abri d’un effondrement du plancher ou du plafond. L’endroit est tout de même plutôt fréquenté et vous ne devriez pas faire de mauvaises rencontres.
Pour y accéder, on doit quand même escalader une petite barrière, mais le lieu demeure facile d’accès.
Toutes les images sont issues de l’excellent blog abandonnedberlin dont on vous avait déjà parlé dans cet article.
Texte : François Malgorn