Alfredo Jaar – The way it is. Eine Ästhetik des Widerstands

Née de la collaboration entre la Berlinische Galerie et la Neue Gesellschaft für Kunst Bildende (NGBK) l’exposition The way it is. Eine Ästhetik des Widerstands est en réalité la première rétrospective en Allemagne de l’artiste chilien Alfredo Jaar.

Architecte de formation, Alfredo Jaar n’a jamais étudié l’art ; il décrit ses œuvres comme des essais, des exercices. Véritable autodidacte, sa volonté de représentation se confronte constamment à la question de la manière de représenter, il se considère donc en constante recherche et ne fait selon lui qu’essayer. En réalité, il s’agit pour lui surtout de comprendre avant d’agir et son action n’est tournée que vers un seul but – qu’il reconnait comme naïf – changer le monde.  De son point de vue il ne fait aucun doute que la culture change le monde. Il reprend même à son compte la citation de Nietzsche « Sans la musique, la vie serait une erreur » pour dire, lui, que « sans la culture, la vie serait une erreur ». Sa mission avouée : relier l’esthétique à l’éthique.

Vivant actuellement à New York, Alfredo Jaar avait reçu en 1991 une subvention du DAAD* et donc vécu quelque temps à Berlin. Il s’était alors fait un nom en Allemagne avec quelques projets spectaculaires comme une présentation au Musée de Pergame en 1992 ou sa participation à la Documenta à deux reprises en 1987 et 2002.

La partie de l’exposition se trouvant à la Berlinische Galerie met justement l’accent sur les œuvres produites dans et pour Berlin. Il s’agit notamment d’ «Un Nouveau Monde », une série de cinq photographies grand format qui ont été prises à la Porte de Brandebourg, peu après la chute du Mur et qui sont ici présentées pour la première fois. Ces projets liés à Berlin sont accompagnés de travaux sur l’Afrique, qui ont été une des clefs du travail créatif d’Alfredo Jaar pendant de nombreuses années. Ses œuvres impressionnantes sur le génocide au Rwanda, la politique de Nelson Mandela et le sort tragique du journaliste sud-africain vainqueur du prix Pulitzer Kevin Carter sont pour la première fois présentées à Berlin. Moins connus, ses premiers travaux sur les interventions politiques dans l’espace public réalisés au Chili entre 1974 et 1981 seront également présentés dans le cadre de la rétrospective mais cette fois-ci à la NGBK. Les deux parties de l’exposition seront complétées par une intervention à la Alte Nationalgalerie. H.T.

*DAAD: Deutscher Akademischer Austausch Dienst (Office allemand d’échanges universitaires) qui a aussi un programme de bourses pour les artistes venant créer à Berlin.

Laisser un commentaire