Andrea Stosiek, gérante du Sputnik-Kino

Propos recueillis par Lucas Riveill

Projectionniste de formation et gérante du cinéma indépendant Sputnik-Kino depuis 2008, Andrea Stosiek est aussi l’organisatrice du Freiluftkino Insel, projection de films en plein air qui se tient chaque été au Cassiopeia à Friedrichshain.
En tant que membre du club de cinéphiles berlinois Lichtspielklub, Andrea participe également à la préparation du septième British Short Film Festival qui se tiendra à Berlin en janvier prochain.
Cinéphile avertie, ses goûts se portent vers le cinéma d’horreur de séries B américaines, produit entre les années 1940 et 1960, mais aussi vers le genre documentaire. Elle réserve toujours une place de choix pour ce genre dans sa programmation au Sputnik-Kino. Le dernier en date ? Room 237, le documentaire de Rodney Asher sur l’adaptation au cinéma par Stanley Kubrick de Shinning, le best-seller de Stephen King.
Dans le cadre des Open Screenings qui se tiennent une fois par mois au Sputnik, Andrea soutient aussi la création en organisant des projections de courts-métrages sans présélection et en permettant la discussion entre les réalisateurs et le public autour de leur projet.

– Pourquoi vivez-vous à Berlin ?
Je me suis installée ici en 1994 pour y faire mes études. Mince, ça va bientôt faire 20 ans!

– Quelques mots pour décrire l’ambiance berlinoise ?
Je pense que Berlin constitue l’un de meilleurs endroits pour vivre en Europe. Les prix restent bas et la ville continue d’offrir beaucoup d’opportunités pour monter des projets, sans forcément être riche. Mais il faut reconnaître que c’était plus facile avant dans les années 1980 et 1990. Aujourd’hui, ça me paraît plus compliqué. Certains quartiers de Berlin ont beaucoup changé, Neukölln par exemple. Auparavant, il n’y avait pas grand-chose : pas de clubs, pas de bars. Mais maintenant, quand je rentre du Sputnik-Kino, je dois me frayer un chemin au milieu de la foule !
Dans ma jeunesse, je me rappelle qu’il était inimaginable de voir des quadragénaires en clubs. Désormais, c’est courant. Berlin reste à l’image de ses habitants. C’est un peu la ville des gens qui ne veulent pas grandir. Ceux qui veulent sortir de cet esprit s’en vont ailleurs en Allemagne. Malgré ses défauts, je ne m’imaginerais toutefois pas vraiment vivre dans un autre endroit. Seule la ville de Toulouse aurait mes faveurs.

– Votre coup de cœur culturel du moment ?
J’ai beaucoup apprécié la Berlin Music Week et je me réjouis de découvrir les nouvelles expositions du Kunstherbst, la saison artistique automnale de Berlin.

– Votre bar de quartier préféré ?
Hmm, voyons qui j’ai envie de soutenir ? (rires) Le Broschek, à Neukölln. Ce n’est pas seulement un bar mais aussi un restaurant. Leurs plats sont très bons et ils servent également d’excellentes bières bio.

– Confiez-nous un secret sur Berlin
Vous voyez le bâtiment rond en briques dans le quartier de Kreuzberg (réd. : on l’aperçoit les balcons du Sputnik)? A l’origine, c’était un réservoir de gaz construit à la fin du XIXème siècle, un Gasometer. Ce que les gens ignorent, c’est qu’il a aussi servi d’abri à plus de 34 000 Berlinois pendant la Deuxième Guerre mondiale, notamment pour les femmes et les enfants. D’où son nom : le Mutter-Kind-Bunker. Mais ce bâtiment a eu plusieurs vies, servant notamment de prison pour jeunes et d’entrepôts pour les biens de première nécessité pendant la Guerre froide.

– Votre soirée idéale ?
Je commencerais par un très bon repas végétarien au Sfizy Veg, une pizzeria végétalienne à Treptower Strasse. Puis j’irais voir un film. Le plus important : qu’il soit bon et bien projeté. Enfin, je rentrerais à pied à la maison, ce qui me paraît bien plus agréable que d’aller m’enfermer dans un métro.

– Où avez-vous diné hier soir ?
Au Broschek, pardi…

– Que faire pour un dimanche en famille ?
J’irais promener mon chien en dehors de la ville, de préférence autour d’un lac. J’en profiterais pour faire du bateau et terminer en soirée par un barbecue avec mes amis.

– Qu’est-ce que vous changeriez à Berlin ?
Je commencerais par baisser les prix des transports publics ; c’est beaucoup trop cher pour le service fourni. Je soutiens d’ailleurs sur ce point le Parti pirate, qui réclame la gratuité des transports publics. J’essaierais également de garder autant d’espaces verts que possible. Enfin, professionnellement, il est évident que je souhaiterais un soutien politique accru aux cinémas indépendants.

– Quels sont vos projets actuels ?
Je travaille actuellement sur deux projets : la célébration des 25 ans du Sputnik et la préparation du British Short Film Festival avec le Lichtspielklub. Les candidatures sont en train d’arriver et on va procéder sous peu à la sélection.

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