Le Deutsche Oper, le Komische Oper et le Staatsoper se sont associés pour un projet inédit, Die Erste Regiewerkstatt der drei Berliner Operhäuser.
Six jeunes régisseurs des écoles de musique de Hamburg, Munich et de Berlin ont eu la chance de travailler pendant trois jours avec trois régisseurs renommés, Barrie Kosky, Jan Bosse, et Michael von zur Mühlen et les chanteurs des opéras de Berlin sur plusieurs scènes des opéras de Mozart écrites par le librettiste Da Ponte. Le résultat final a été présenté au Deutsche Oper le 13 juin 2013.
Six scènes choisies parmi les opéras Don Giovanni, Cosi fan tutte et Die Hochzeit des Figaro ont été mises en scène par les apprentis régisseurs.
Les scènes, travaillées sur trois jours seulement, ont été jouées dans la Tischlerei du Deutsche Oper. Il n’y avait aucun décor sur scène, seulement quelques chaises et bancs, installés par les étudiants au début des scènes. Il faudrait encore beaucoup de travail pour atteindre la perfection d’une véritable représentation. Mais c’est justement l’intérêt de l’initiative. Présenter un travail qui se fait. Mettre en scène avant tout une idée. Il s’agit d’une réflexion sur l’opéra. Et sur le métier de régisseur.
Les procédés de l’opéra classique sont mis en évidence et déconstruits. Le jeu des chanteurs, sur lequel les régisseurs se sont concentrés, constitue un deuxième niveau de lecture de l’œuvre évident. La liberté des régisseurs dans cet espace est immense. Jusqu’où peuvent-ils aller ?
Le chant classique est également remis en question. Pendant les scènes les interprètes chantent, s’interrompent, perdent leur voix, crient. Ils marmonnent, expérimentent de nouveaux tons, de nouveaux tempos. Et tous sont mélodieux. Quelques moments de chant plus classiques sont magnifiques. Sans décors et artifices, les voix prennent une toute autre place sur scène.
Lors de certaines scènes, le régisseur dialogue avec le pianiste, qui s’arrête par moment de jouer. Dans d’autres, le régisseur construit lui-même un décor fait de simples bandes adhésives, qui change pourtant toute la perception que le spectateur a de l’œuvre. Il s’identifie avec les interprètes au point de ne plus savoir quelle est sa propre place. Cette réflexion est intégrée aux scènes.
Les scènes sont toutes drôles. Et chacune est esthétique, malgré le caractère expérimental de l’entreprise. B.S.-F.
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Charlottenburg
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