Der Spieler : l’inarrêtable démon du jeu

Dans Der Spieler, on nage dans les patates et on clame son texte de l’intérieur du ventre d’un crocodile. Adaptée du roman Le Joueur de Fédor Dostoïevski, la pièce de Frank Castorf est caractéristique du style du metteur en scène berlinois : tout en étincelles et en longueur – la pièce dépasse les quatre heures.

Racontant l’histoire d’un précepteur habité par le démon du jeu – et par la roulette en particulier – le roman de Dostoïevski convoque de nombreux personnages autour des thèmes de l’argent et de la dépendance. Écrit en moins d’un mois, il comporte de nombreux éléments autobiographiques ; l’addiction au jeu et les histoires d’amour d’Alexeï Ivanovitch sont en effet aussi celles de l’écrivain russe au moment de l’écriture…

L’adaptation de Castorf reprend la trame initiale, tout en la « rock’n’rollisant » et en l’enrichissant de nombreux textes apocryphes. La scène de la Volksbühne est comme toujours envahie d’une pétulante vitalité. Mais il faut bien avouer que, malgré l’excellence des acteurs – Kathrin Angerer (Paulina), Sophie Rois (la tante) et Alexander Scheer (le joueur) offrent de remarquables prestations qui vaudraient à elles seules le prix d’une place – la pièce peine à tenir éveillé son spectateur. Certaines scènes sont superbes – notamment les nombreuses scènes de jeu – mais le propos s’éloigne trop souvent du personnage principal – le joueur – pour réellement conserver tout son attrait, surtout sur une telle durée.

La critique allemande est très divisée, comme souvent lorsqu’il s’agit d’une pièce de Castorf : certains adorent et estiment qu’il s’agit de l’une de ses meilleures pièces, d’autres mitraillent gaiement, fustigeant la longueur et la vacuité de l’ensemble. À chacun de se faire son propre avis…

Nicolas Donner

Photos sous copyright : Der Spieler ©Thomas Aurin

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