Einstein on the Beach en avant première du festival MaerzMusik

Entre sécurité esthétique et financière pour les théâtres, nostalgie et possibilité de revoir ce qu’on pensait ne plus pouvoir revoir pour les spectateurs et difficultés de création propre à l’époque contemporaine, nous pouvons aisément dire que la tendance est à la reprise ! Des rétrospectives muséales aux remix et samples musicaux, du revival de tous styles rétro jusqu’aux recyclages en tous genres : impossible de ne pas remarquer ce repli vers le passé, le connu ou plutôt le reconnaissable qui nous rassure tant !

Photo en vignette : Field Dance 2Anne Lewis, Katherine Fisher, Caitlin Scranton (v.l.n.r.) © Lucie Jansch

Vous pourrez ainsi aller voir – ou revoir – le formidable opéra Einstein on the Beach à la Haus der Berliner Festpiele en avant-première du festival MaerzMusik.

Créé en 1976 par la collaboration de Robert Wilson et Philip Glass, étant depuis devenus des références indiscutables dans leur domaine respectif, Einstein on the Beach resta dans les mémoires comme une petite révolution scénique, alliant maîtrise plastique et sonore, esthétique onirique du tableau vivant propre à Bob Wilson et approche minimale, graduelle et répétitive du son de Phillip Glass, dans la pure tradition de l’école américaine.

Opéra de 4h30, la structure non-linéaire dissociée de toute narration confère à chaque scène – chaque tableau – son existence propre et nous conduit plutôt dans une déambulation libre autour de thèmes associés à Einstein : mathématiques, relativité ou encore arme nucléaire. Gestes et sons se répondent dans leur transe répétitive, distordent le temps et brouillent l’évolution des scènes incessamment ponctuées d’interludes musicaux, le tout formant un entrelacement de divers champs disciplinaires (musique, danse, chant, travail plastique de la scène) propice à l’envoûtement et la contemplation.

Ainsi, ce qu’il nous est surtout permis de comprendre à travers cette reprise adaptée en 2012 avec la collaboration de la chorégraphe Lucinda Childs, c’est l’influence que ces précurseurs ont exercé depuis une quarantaine d’années sur la création scénique contemporaine.

La première captation vidéo de ce spectacle a été réalisée au Théâtre du Châtelet à Paris le 7 janvier dernier. Il est désormais possible de le voir dans son intégralité sur le site culturebox, et ce jusqu’à juillet prochain, profitez-en!

Sophie Galibert


Knee Play 3Helga Davis (links), Kate Moran (rechts) © Lucie Jansch

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