Hamburger Bahnhof: Body Pressure

Du 25 mai au 27 octobre, des œuvres de Georg Baselitz, Bruce Nauman, Paul McCarthy, Hans-Peter Feldmann ou de Berlinde de Bruyckere sont exposées sous la verrière de la Hamburger Bahnhof. L’exposition BODY PRESSURE, Skulpture seit den 1960er Jahren met l’accent sur l’évolution de la représentation du corps dans la sculpture contemporaine. Révolution des matériaux, des sujets, la sculpture est devenue plus complexe depuis 1960, plus fragmentée et nous transmet de nouveaux messages.

Le ton est donné par l’installation de Bruce Nauman Body Pressure. Un poster rose nous ordonne de nous presser contre le mur blanc de toutes nos forces, et d’imaginer de l’autre côté une sorte d’alter ego, exerçant la même pression. Épreuve de force ou jeu érotique, le visiteur est libre de ressentir ce corps à corps comme bon lui semble. Dans tous les cas, le spectateur devient acteur. Il est engagé dans l’œuvre non plus avec la distance et le recul de l’observateur, mais par son corps.

Lorsque l’on entre dans le hall, deux sculptures aux couleurs tapageuses nous regardent ;  une femme nue, allongée, What if the Phone Rings d’Urs Fischer, et un homme, David, Kopf gross de Hans-Peter Feldmann. Ces sujets classiques de l’histoire de l’art, sont sculptés dans de nouveaux matériaux. Le buste de David est en plâtre, la femme nue est en cire. Kitchs au possible, ils interrogent notre conception de la beauté. L’air insolent de David semble nous dire, suis-je toujours beau ainsi ? Sur la femme, plusieurs bougies sont allumées. La cire va fondre tout au long de l’exposition. L’art lui-même devient vanité. L’auteur met ainsi en scène le temps qui passe et s’en moque.

Mais les artistes vont encore plus loin dans l’utilisation de nouveaux matériaux. Le corps humain lui-même peut devenir matière ; Marina Abramovic danse nue devant la caméra jusqu’à l’épuisement – retransmis en temps réel sous forme de film. Une expérience limite du corps qui, vidé de toutes ses forces, nous procure encore des sensations. Plus provocatrice encore, la tête Shit Head de Marc Quinn est faite de ses propres excréments.

À droite, une œuvre de Nam June Paik Triangle : Video-Buddha und Video-Denker, présente deux petites sculptures, une reproduction du penseur de Rodin et un bouddha. Les deux sculptures sont absorbées non dans leurs pensées mais dans la contemplation de leur propre image via une caméra de surveillance. Très ironique, l’artiste s’interroge sur l’importance de l’image dans nos sociétés.

Le corps dit beaucoup de choses, mais pas tout. Le corps nu souffrant de Wilhelm Lehmbruck Der Gestürzte ne nous livre pas son histoire. De même pour la miniature The Artwork Nobody Knows de Ryan Gander. Une figurine gît sur le sol à côté de son fauteuil roulant.  Le visiteur ne peut deviner ce qu’il s’est passé et ne peut intervenir.

Plus ou moins abstrait, le corps humain est présent dans toutes les œuvres de l’exposition. Il suffit d’y faire attention. Dans Kraftwerk de Thomas Schütte, deux sculptures abstraites représentent le père et la mère. Sur le sol, il y a un jeu d’enfant. Ne peut-on voir également dans la technique – ici une centrale – le mouvement de la vie ? La question reste ouverte.

Les commissaires d’exposition sont Henriette Huldisch et Lisa Marei Schmidt. B.S.-F.

Photos :

– Installationsansicht mit Arbeiten von Georg Baselitz, Floriano Bodini, Berlinde De Bruyckere, Urs Fischer, Duane Hanson, Wilhelm Lehmbruck, Paul McCarthy, Nam June Paik, Friederike Pezold, Marc Quinn, Thomas Schütte, Franz Erhard Walther © die Künstler© 2013 VG Bild-Kunst (Hanson, Schütte, Walther)© Staatliche Museen zu Berlin, Nationalgalerie / Thomas Bruns.
– Installationsansicht mit Arbeiten von Hans-Peter Feldmann, Duane Hanson, Wilhelm Lehmbruck, Paul McCarthy, Nam June Paik, Marc Quinn© die Künstler© 2013 VG Bild-Kunst (Feldmann, Hanson)© Staatliche Museen zu Berlin, Nationalgalerie / Thomas Bruns.
-Thomas Schütte Kraftwerk, 2004 Friedrich Christian Flick Collection im Hamburger Bahnhof © Thomas Schütte © 2013 VG Bild-Kunst © Staatliche Museen zu Berlin, Nationalgalerie / Thomas Bruns.

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