Hélène Lebonnois, reine des fauves

Hélène Lebonnois

Hélène Lebonnois est une jeune femme active et passionnée. Directrice de La Ménagerie, Plateforme de Théâtre francophone à Berlin, elle finit également un doctorat sur le mélange des langues dans le théâtre allemand contemporain. C’est donc au milieu de cet emploi du temps bien chargé qu’elle nous a donné rendez-vous dans un de ses bars préférés, le Kaufbar situé à Friedrichshain. Le lieu est charmant, meublé de bric et de broc, tout en authenticité et vraiment gemütlich comme disent les allemands. Hélène y a travaillé lorsqu’elle était étudiante et elle apprécie « son ambiance faussement tranquille ».

Débarquée à Berlin voilà presque 10 ans de cela un peu par hasard, elle est immédiatement séduite par la ville et décide de ne pas rentrer en France une fois son année d’Erasmus finie. Là, elle expérimente le multiculturalisme, «l’ouverture à l’autre » et prend conscience de l’« ampleur européenne » de la ville, de sa dimension cosmopolite. Il n’en fallait pas plus pour piquer cette fana de linguistique, qui s’essayera elle-même à l’apprentissage de plusieurs langues à Berlin.

Elle évolue à cette époque dans un milieu essentiellement germanophone et sent alors « une envie de s’affirmer dans cette double appartenance, francophone et germanophone ». C’est à ce moment-là que va naître La Ménagerie, fruit de la rencontre de personnes ayant une passion et une envie communes : faire du théâtre en français et qui plus est, à Berlin. Nous sommes alors en 2009. Au commencement, il y a « la volonté de monter un lieu d’information, une plateforme d’aide pour les artistes français afin qu’ils puissent avoir un lieu où répéter mais trouver aussi un lieu où jouer, le tout centralisé au sein d’une même structure ».

Aujourd’hui la plateforme est organisée autour de 4 pôles : la diffusion, les projets, les ateliers et la pédagogie.


L’accent y est mis sur l’accessibilité pour tous, notamment par le surtitrage des spectacles, mais également en proposant des spectacles de danses ou encore de mime. L’idée de la plateforme n’est pas « de s’adresser qu’aux français » dit-elle, « mais de s’inscrire dans une dimension européenne.

– Pourquoi vivez-vous à Berlin ?
Pour ma recherche de doctorat. J’écris une thèse sur le Mélange des langues dans le théâtre berlinois contemporain en cotutelle entre la FU de Berlin et Paris 8 en France.

– Quelques mots pour décrire l’ambiance berlinoise ?
« Vielfältig ». Berlin est une ville avec tellement de facettes qu’il est difficile de parler d’une seule ambiance. « Interculturelle » définitivement. Les vies de quartiers peuvent être très différentes les unes des autres, chacun peut y trouver ce qu’il y cherche. « Stimulante » donc, mais … à condition d’en avoir la motivation.

– Votre coup de cœur culturel du moment ?
Pour sortir au théâtre en confiance, je recommande sincèrement les Sorties de la Ménagerie à la Schaubühne. C’est organisé par des professionnels et leurs choix sont toujours excellents (réservé aux abonnés).
Sinon, j’ai hâte d’aller voir « Club Inferno » du collectif Signa à la Volksbühne d’après « L’Enfer » de Dante. Un mélange de théâtre, d’installation et de performance, exactement le genre de spectacle qu’on attend des artistes à Berlin.

– Votre bar de quartier préféré ?
Pour boire un bon café au calme dans un canapé : le Kaufbar (aujourd’hui définitivement fermé), à Friedrichshain
Pour une bière belge avec des amis : Le Yuma Bar à Neukölln.
Pour une soirée en amoureux : le Kptn à Friedrichshain.
Et pour un dernier verre après une réunion de la Ménagerie : Le Max Fisch, au Theater Acud, à Mitte.

– Confiez-nous un secret sur Berlin…
Eh bien…un secret, c’est un secret.

– Votre brunch favori ?
Le Wohngemeinschaft à Friedrichshain. C’est bon, sympa, décontract et „günstig“. Ou comment transformer un « Kiez Kneippe » sans le dénaturer.

– Votre soirée idéale ?
Je pense qu’il faut rester à l’écoute des bons plans spontanés qui naissent constamment dans Berlin. Un endroit idéal ou à la mode aura peut-être totalement disparu dans 6 mois. Pour cela, je m’abonne à de nombreuses newsletters dans des endroits que j’apprécie, je consulte Stressfaktor. J’ai récemment découvert par la « stille Post » berlinoise les soirées Kino du Vetomat à Friedrichshain.
Je fais également confiance aux conseils de « Berlin Poche » ! J’ai déjà gagné grâce à eux des places pour un concert.

– Où avez-vous diné hier soir (ou cette semaine..) ?
Il y a quelques temps, à La Bonne Franquette au Nord de Mitte : Ils ont d’excellents vins et une très bonne cuisine. Le nom peut être trompeur : c’est une véritable brasserie française.
Pour une soirée crêpes, en tant que bretonne, je recommande La Bigoudène à Mitte, la farine vient directement du Moulin de la Fatigue, en Ille et Vilaine.
Et pour le déjeuner, sans hésitation, La Lavanderia Vecchia à Neukölln. Pour leurs soupes, leur café et la déco.

– Que faire pour un dimanche en famille ?
Une promenade au Flohmarkt, une balade en vélo sur les bords de la Mügelsee, un tour à Tempelhof… Avant tout : prendre l’air, même par grand froid.

– Où aller pour une virée hors de Berlin ?
La Ostsee pour un week-end de détente en été, Usedom en particulier.
Dresden ou Leipzig pour un week-end culturel à partir de l’automne. Ils ont des musées et des théâtres qui n’ont rien à envier à la capitale.

Des bons plans pour une virée shopping ?
Je ne fais pas de shopping. La plupart du temps, je fais des trocs avec des amies ou je vais dans des magasins de seconde main comme « Garage » à Schöneberg. Pour ceux qui sont libres en semaine, il y a 30% le mercredi matin. Il n’y a que là que je trouve ma pointure de chaussures !

– Qu’est ce que vous changeriez à Berlin ?
Sans surprise, les loyers. La spéculation immobilière devient réellement un problème.

– Quels sont vos projets actuels ?
Terminer ma thèse ! Et préparer le festival 2014 de La Ménagerie.

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