Itten-Klee, couleurs croisées

Von der Anbeginn (depuis le début) il y a la couleur. Sur le tableau de Itten deux formes noires en regardent une troisième, au milieu. Les contours noirs sont illuminés de l’intérieur par des taches de couleurs vives. Il s’agit d’une réflexion sur la couleur. De même pour l’exposition Kosmos Farbe. Itten-Klee, à travers les œuvres de Itten et Klee.

Le mot cosmos n’est pas choisi par hasard. Itten et Klee croyaient fermement à un ordre des couleurs, à l’origine de notre perception. Ils tentent de le démontrer par une Farbelkugel (ronde des couleurs), qui établit des correspondances entre les couleurs. Leur démarche est donc intellectuelle autant qu’esthétique. L’équilibre parfait est mathématique. Derrière toutes ces toiles se cachent donc de savants calculs ? Et à quoi ressemble une exposition qui souhaite nous le montrer ?

Itten était professeur. Il a réalisé de nombreux travaux de recherche sur la couleur. Mais le visiteur peut être rassuré, seule une des salles de l’exposition nous présente ces travaux. Pour le reste il s’agit d’art. Bien sûr on est plus attentif à l’utilisation des couleurs. A la manière dont elles suggèrent le mouvement, la matière ou la lumière. Mais on remarque surtout comme elles disparaissent dans le regard. Dans le tableau, les yeux reconnaissent le procédé puis le délaissent. Ils préfèrent s’égarer dans le ressenti. C’est pourquoi l’on s’attarde toujours aussi longuement devant les toiles colorées. Le temps de se frayer un chemin.

itten-klee

L’originalité de l’exposition réside surtout dans la mise en scène du dialogue Itten-Klee. Aucune exposition ne les avait encore rassemblé. Le Gropius Bau Museum rend à nos artistes un peu de ce qu’ils lui ont donné de leur vivant. Tous les deux membres du Bauhaus, issus du canton de Berne, il y a de nombreuses similitudes dans leur recherches. Mais également des divergences. Les 8 parties qui structurent l’exposition, chronologiques et thématiques, respectent la singularité des deux artistes.

Le regard ironique de Klee se mêle aux différentes expérimentations de Itten. Ses contacts avec des mouvements ésotériques, son étude du textile puis de la peinture japonaise et enfin sa théorie des couleurs, sont successivement visibles dans l’exposition. Le Rechnender Greis de Klee, les yeux avides et les mains fébriles, se moquant de son penchant pour les chiffres, est un parfait contrepoint. Ses toiles nous content des histoires dans une langue symbolique, avec différents tons.

Les ambiances se déclinent au rythme des formes et des couleurs. Et même du noir et blanc, dans Uber dem Thunersee, nait une lumière. B.S.-F.

Johannes Itten: Die Begegnung, 1916. Kunsthaus Zürich© VG Bild-Kunst, Bonn 2012
Paul Lee: Flotille am kalten Morgen, 1927 © Kunstmuseum Bern, Vermächtnis Alexander Müllegg Johannes Itten: Gesamtkomposition des Velum, 1938, Privatbesitz © VG Bild-Kunst 2013

 

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