J’ai testé : la suggestion par hypnose de Yannick Lanvin

C’est à la fois amusées et plutôt – pour ne pas dire très – sceptiques que Juliette et moi nous rendons à notre première séance d’hypnose. Il faut dire que nous étions plutôt du genre « je ne doute pas de toi mais j’y croirai quand je le verrai » avant de rencontrer Yannick Lanvin, hypnotiseur français exerçant à Berlin. Dans une autre vie, il étudiait les sciences humaines, travaillait ensuite dans le supply chain management et finissait dans la finance. Rien à voir donc avec ce qu’il propose depuis janvier 2015 aux Français de la capitale allemande. À savoir, des séances d’hypnose pour booster l’apprentissage de l’allemand et notre capacité à le restituer. Évidemment, on n’espérait pas le miracle et la soudaine maîtrise de la langue de Goethe, mais un petit coup de pouce n’est jamais de refus. Alors on s’en est remis aux pouvoirs de suggestion de Yannick. Certifié par l’Académie pour la recherche et la connaissance en hypnose éricksonienne (Arche) s’il vous plaît !

Avant de passer à la pratique, il nous définit l’hypnose, son utilité et sa portée ; « un jeu entre le conscient et l’inconscient qui a un champ d’action quasi illimité« , explique-t-il. C’est pourquoi le thérapeute reçoit autant des clients désireux d’arrêter la cigarette que des cas traumatiques. L’idée générale, c’est de créer une intention et de la suggérer à notre inconscient, lequel prendrait alors le pas sur notre conscient. Ce mode de communication permet d’aller chercher en nous l’élément manquant à la réussite de notre changement, dont nous sommes les propres acteurs. Inhabituel certes, mais les bienfaits de cette discipline sont de plus en plus reconnus. Et puisque l’hypnose nous permet de modifier un petit quelque chose en nous, autant en profiter.

C’est par Juliette que nous commençons. Séduite par l’éventualité d’un quelconque changement, elle a préféré essayer de supprimer un tic de langage qui la dérangeait. Sa séance débute sans même que nous le réalisions, quand Yannick lui pose des questions de plus en plus approfondies sur ce fameux défaut et sur ses conséquences : « Qu’est-ce qui fait que… ?« , « Est-ce que tu veux changer pour toi ? Pour les autres ?« , « Que ressens-tu en disant ce mot ?« , « Où s’expriment tes émotions ?« . Assise sur un canapé, les yeux fermés, la respiration lente et le corps relâché, Juliette est poussée dans sa réflexion. Tout en étant amenée à se détendre jusqu’à atteindre l’état hypnotique. Pas de pendule, pas de grands gestes ! Il suffit de se laisser porter par la voix calme de Yannick, qui nous guide par étape vers notre objectif. Et le corps de Juliette semble répondre… pendant que je tente de réprimer mon fou rire. Quarante-cinq minutes passent au bout desquelles ma collègue se réveille. « Alors, comment te sens-tu ?« , m’empressé-je de lui demander. « Engourdie, fatiguée mais détendue. »

 

 

 

 

 

 

À mon tour et à Juliette d’observer ! L’idée de Yannick d’augmenter les capacités de son sujet à apprendre l’allemand m’ayant attirée, et rassurée de voir que l’on ne me fera pas danser sur la table ni courir trois tours de pâté de maison, je m’efforce de suivre ce qu’il me dit. Je me mets debout, baisse les épaules et réponds moi aussi aux questions. Peu à peu, Yannick ne s’adresse plus à moi directement mais à mon inconscient. Inconscient qui m’envoie des sortes de décharges dans l’index pour signifier le oui et dans l’auriculaire pour le non. Je dois avouer que je n’aie pas l’impression que ce soit mon cerveau qui ait commandé à mes doigts de se lever tous seuls… Bizarrement, je sais tout de même quelles images défilent dans ma tête et mon cher conscient entend l’intention suggérée. Au réveil, je me sens revenir de loin, légèrement assoupie. Et moi qui m’attendais à ne me souvenir de rien ! Notez que ce n’est pas plus mal, sinon je n’aurais pas pu vous raconter notre expérience de suggestion par hypnose éricksonienne.

En orientant nos canaux (visuels, émotionnels…) selon nos besoins individuels, Yannick nous a donné les outils adéquats au changement que nous désirons. Mais il faut croire que Juliette a plus l’esprit bricoleur que moi, car ses proches ont, dans les jours qui ont suivi, constaté l’absence de son tic de langage. Même s’il revient depuis de temps à autre, l’amélioration est notable. Tandis que personne ne m’a (encore ?) fait remarquer que je mémorisais plus vite les nouveaux mots allemands que j’apprenais.

Alexia Robin
Vignette : ©Alexandre Giannoulatos

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