Laissez-vous embarquer avec la visite de l’aéroport Berlin-Brandebourg

Ce n’est plus un secret pour personne, l’aéroport Berlin-Brandebourg, qui se veut être le troisième d’Allemagne, est un véritable fiasco. Pire, il est devenu la honte du pays et la risée du monde. Dans un souci de transparence exigé par le ministère allemand des transports, les responsables de sa construction ne cachent ni le gouffre qu’il représente, ni les (trop) nombreux problèmes qu’il comporte. Il est d’ailleurs possible de se rendre sur les lieux de la catastrophe le temps d’une visite guidée d’une durée de deux heures. Poussée par la curiosité, la rédaction de VivreÀBerlin s’est laissé tenter par le tour de cet immense aéroport ! Un voyage qui vaut certes le détour, mais qui fait quelque peu mal au cœur…

Tous à bord

Accompagnés de notre guide allemande, nous grimpons avec les autres passagers dans le car qui nous transporte. Après une brève présentation de l’aéroport, la guide nous explique que nous pouvons lui poser toutes les questions que nous voulons, sauf une : « Quand ouvrira donc l’aéroport Berlin-Brandebourg ? », tout simplement car elle est incapable d’y répondre. Initialement prévue en 2010, son inauguration a ensuite été repoussée à juin 2012, puis à mars 2013 et encore à 2014. Finalement, on annonce sans trop s’avancer l’année 2016. Mais rien n’est moins sûr…

Notre première halte se fera à l’Info Tower et au centre d’informations, où nous nous retrouvons regroupés autour de la maquette de l’aéroport. Nous découvrons ainsi l’étendue du chantier : 1 470 hectares (ce qui représente pas moins de 2 000 terrains de foot) ; un terminal disposant de 16 ponts principaux d’embarquement-débarquement, neuf autres sur l’embarcadère sud ; un centre de services et commerces de 148 000m² ; deux pistes d’atterrissage (Nord et Sud), l’une longue de 3 600m, l’autre de 4 000 ; des hôtels ; les bases (terminées) de Lufthansa ou de Germanwings ; les stations de kérosène ; les casernes de pompiers ; une surface plane et inutilisée ; une gare (achevée également) à six voies directement reliée au terminal… En somme, nous avons devant nos yeux le plan idéal de l’aéroport censé booster l’économie allemande et faire de Berlin un hub unifié, puisque le BER remplacerait l’aéroport de Tegel au nord-ouest et celui de Schönefeld au sud-est. Malheureusement, le nouvel aéroport serait déjà en sous-capacité. En effet, il ne pourrait accueillir que 27 millions de passagers par an ; or, ce chiffre a déjà été atteint selon les prévisions de 2014 alors même que l’année n’est pas terminée et que l’on prévoit 31 millions de passagers en 2016. Avec la construction de deux terminaux supplémentaires, la capacité maximale s’élèvera à 40 millions de passagers. Sera-ce suffisant ?

berlin-brandebourg

Puis, nous sommes invités par la guide à gravir la cent-cinquantaine de marches de l’Info Tower ou, pour ceux qui préfèrent, à emprunter l’ascenseur qui nous élèvera directement en haut des 32 mètres de la tour. De là, nous disposons d’une vue à 360° de l’aéroport et de ses bâtiments.

La visite se poursuit avec la salle d’enregistrement. En entrant, nous oublions vite la forte odeur de neuf qui nous assaille pour nous enthousiasmer devant la splendeur du lieu. Les meubles, modernes, resplendissent à la lumière du jour qui transperce les grandes baies vitrées, tandis que le sol rustique brille par sa propreté. Au plafond, nous découvrons le tapis rouge magique de Pae White, l’une des six œuvres d’art de l’aéroport qui, elles, au contraire du reste, sont bel et bien achevées et remplissent leur fonction. On ne peut pas en dire autant des escalators trop courts, des comptoirs d’enregistrement en nombre insuffisant, des tapis roulants de livraison de bagages trop petits, des canaux de câblages incompatibles, des systèmes incendie défaillants, des portes automatiques pas automatiques, de ces halls de départ trop étroits, et de ces dizaines de milliers de problèmes techniques… Ces derniers sont non seulement la cause des incessants reports d’ouverture mais aussi la source de dépenses supplémentaires. Par exemple, il faut compter 2 millions d’euros par mois à la Deutsche Bahn pour faire fonctionner un train fantôme dans les tunnels qui relient la gare à l’aéroport, afin d’éviter la rouille et l’obsolescence. Faible consolation dans la salle d’enregistrement : les tableaux d’affichage sont effectifs.

Nous reprenons le car. Direction : la piste d’atterrissage Sud ! Sur le trajet, nous avons pu photographier la deuxième tour de contrôle la plus grande d’Allemagne, après celle de Düsseldorf. Nous avons également croisé un camion de pompiers, été contrôlés par la douane, et avons observé l’espace naturel protégé de l’aéroport. Si nous n’avons pas eu la chance de croiser le couple de renards, nous avons pu voir les nombreux arbres. D’ailleurs, même les arbres ont posé problème car un millier d’entre eux a été mal planté.

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Nous arrivons enfin au point culminant de la visite de l’aéroport Berlin-Brandebourg. La piste d’atterrissage Sud est encore fermée ; des croix indiquent aux pilotes qu’ils n’ont pas le droit de s’y poser. Mais nous, nous avons pu la parcourir à toute vitesse avant d’y être débarqués ! Contrairement à cette piste, la piste Nord est utilisée depuis quinze ans (et doit être renouvelée) par l’aéroport de Schönefeld. Quand le BER sera fonctionnel, les deux pistes Nord et Sud, distantes d’un kilomètre neuf, pourront être utilisées en même temps. En attendant, la Nord se dégrade pendant que la Sud sert de terrain de jeu aux visiteurs que nous sommes…

Difficile avec tout ça de voir le bout du tunnel emprunté par le maire de Berlin, Klaus Wowereit, et qui a mené à sa démission en 2014. À défaut d’être ouvert en tant que tel et de pouvoir accueillir ses passagers, l’aéroport Berlin-Brandebourg Willy Brandt est en tout cas prêt à recevoir ses visiteurs. N’hésitez donc pas à vous inscrire !

Texte et photos : Alexia Robin

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