Maximum dix salles sont de cette qualité dans le monde

On s’y perdrait facilement et notre guide Antony Hequet vérifie sans cesse avoir pris la bonne clef pour nous permettre de découvrir les innombrables couloirs et salles du bâtiment. La Funkhaus Nalepastrasse, située tout à l’est de Berlin, est considérée comme le plus grand studio d’enregistrement du monde.

Ancien siège de la Funkhaus der DDR (de 1956 à 1990), le complexe s’étend sur plus de 13 hectares. Il jouit d’une situation particulière, à la fois totalement en accord avec les bâtiments industriels qui l’environnent et jurant superbement avec la rivière Spree qui le borde et lui donne des airs insulaires. Couverte de prestige au temps de l’Allemagne de l’Est – émetteur principal pour de nombreuses stations de radios et diffusions de concerts -, la Funkhaus Nalepastrasse abritait à son apogée jusqu’à 3000 employés…

Les Black Eyed Peas et Daniel Barenboïm…

Aujourd’hui, l’édifice – ouvert au public – sonne relativement creux. « C’est l’un des plus beaux lieux de la planète les plus sous-exploités », tonne Antony Hequet. C’est un chanteur et poète franco-américain, en charge de redonner un élan créatif à cet endroit. Qui n’est à la vérité pas tout à fait vide : près de 300 ateliers-studios y sont loués à l’année et des pointures telles que les Black Eyed Peas, Sting, Cecilia Bartoli, Kent Nagano ou encore Daniel Barenboïm y enregistrent leur production. « Mais il y a moyen de faire davantage », assure Antony Hequet. « Il faut recréer ici un jardin de culture, un terreau fertile de création« . Et de poursuivre : « Cet endroit est fait pour les musiciens : ils n’ont pas à s’embêter à déceler les défauts des pièces, il n’y en a pas ! »

Le complexe, construit par l’architecte Franz Ehrlich avec la collaboration de Gerhard Probst et Lothar Keibs, abrite des volumes dont l’acoustique est de renommée internationale. Notamment les deux grandes salles capables d’accueillir des orchestres. « Maximum dix salles sont de cette qualité dans le monde », avance Antony Hequet, tout en se mouvant et s’amusant de sa voix dans la seconde pour soutenir ses dires (photo ci-dessous)

« Retrouver une finesse d’écoute »

Avec sa société MünD Production, Antony Hequet entend redonner un souffle nouveau à la Funkhaus. En effet, il s’est décatie depuis la réunification allemande, faute à des rachats et projets de développement avortés. Concrètement, des visites guidées existent déjà pour le public et des événements musicaux et artistiques sont régulièrement organisés durant l’année.

dix-salles-qualité

Mais c’est surtout aux professionnels de la musique qu’Antony s’adresse, avec une vision aux antipodes du marché dominant : « Il s’agit de retrouver une finesse d’écoute et d’enregistrement. Ici, nous sommes au paradis de la voix », dit-il, enthousiasmé par les locaux dont il dispose. « Toutes les prises se font de manière naturelle, sans artifice et avec un minimum de traitement ; les concepteurs ont bâti des pièces techniquement difficiles à égaler. Les musiciens bénéficient donc de conditions optimales de production tout en profitant de tarifs très avantageux », expose-t-il.

Bien qu’excentrée, il faut prendre le tram 21 depuis Ostkreuz. La Funkhaus Nalepastrasse vaut définitivement un coup d’oeil, en tant que vestige prestigieux de la DDR et tremplin de création culturelle. Un lieu insolite d’expression et d’écoute, à cheval entre nature et industrie…

Texte : Nicolas Donner
Photo : Benjamin Visinand

La salle de mixage.

Laisser un commentaire