Nous avons une petite communauté qui se bat au quotidien pour essayer de s’intégrer

 

À l’occasion de la Fête de la Francophonie dont le Burkina Faso était le pays co-organisateur en mars dernier, nous avions voulu en savoir plus sur la vie ici en Allemagne de cette communauté burkinabé. Par chance – et avec persévérance – c’est directement à l’ambassadrice que nous avons eu affaire…

C’est donc dans les locaux de l’ambassade du Burkina Faso à Berlin, située à Karolinger Platz dans le quartier de Charlottenburg, que nous rencontrons Marie Odile Bonkoungou-Balima. En poste à Berlin depuis janvier 2012, l’ambassadrice possède une longue expérience de l’action publique dans son pays : anciennement Secrétaire générale du gouvernement, elle fut également ministre de l’Éducation nationale avant d’être nommée à la tête de la mission diplomatique burkinabé en Allemagne.

Une présence dans tous les secteurs…

1 500 citoyens. Telle est la population burkinabé présente sur le territoire allemand selon les chiffres de l’ambassade. Les raisons de l’installation sont « essentiellement économiques« , insiste l’ambassadrice, qui admet tout de même que les troubles politiques qu’a connus le pays ces dernières années ont aussi pu être une motivation pour certains à « se diriger vers d’autres horizons. »

Dans quels secteurs d’activités trouve-t-on les Burkinabés d’Allemagne? « Depuis que je suis en poste, je me suis rendu compte qu’ils sont présents dans tous les secteurs d’activité. Aussi bien dans la santé, dans l’informatique, au sein de grandes entreprises allemandes ou encore dans les affaires. Et bien entendu, dans le domaine artistique. »  Malgré tout, « cela n’est vraiment pas facile pour les Burkinabés d’avoir une vie aisée.«  Car l’obtention d’un emploi n’est pas facile « quand bien même les intéressés sont titulaires de diplômes. »

Déchéance de la nationalité : « Pas de gaieté de coeur ! »

Marie Odile Bonkoungou-Balima insiste particulièrement sur les difficultés d’intégration des Burkinabés : « Nous avons une petite communauté qui se bat au quotidien pour essayer de s’intégrer. » L’obstacle principal reste l’obtention ou le renouvellement d’un titre de séjour sur le territoire allemand. Dans la mesure du possible, l’ambassade offre une assistance aux citoyens qui le demandent, même si ses moyens restent limités. « Nous essayons de les accompagner dans la recherche de solutions à leurs problèmes, autant que faire se peut. »

Autre demande récurrente des Burkinabés auprès de leur ambassade, et spécifique à la République fédérale allemande : la déchéance de la nationalité. Il ne faut pas y voir ici une volonté active de couper les ponts avec son pays d’origine ; c’est simplement que l’Allemagne ne reconnaît pas la double nationalité. Tout Burkinabé souhaitant devenir citoyen allemand, doit donc, entre autres démarches, se déchoir de sa nationalité d’origine, « Croyez-le, ce n’est pas de gaieté de coeur !« , ajoute l’ambassadrice.

« Rapprocher la jeunesse de nos deux pays »

Mais le travail de l’ambassade, ce sont aussi des projets tournés vers l’avenir ! Ainsi Marie Odile Bonkoungou-Balima s’attache à approfondir les relations entre l’Allemagne et son pays. Des relations vieilles de plus de 50 ans et que les deux pays s’évertuent à développer via des négociations bilatérales régulières, portant notamment sur l’agriculture, la décentralisation, l’eau et l’assainissement ou encore la santé.

Reste enfin un domaine qui tient particulièrement à coeur à l’ancienne ministre : le développement des échanges entre les universités et les écoles. Si des initiatives existent, l’ambassade aimerait les approfondir : « Pour le moment, c’est un peu timide, mais on a besoin de donner beaucoup plus d’envergure à ces échanges qui, de mon point de vue, constituent un facteur essentiel de rapprochement de la jeunesse de nos deux pays. » 

Lucas Riveill

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