Tout sur Scorsese

Martin Scorsese est pour la première fois au coeur d’une exposition d’envergure. Photos de famille, images d’archive, extraits de films, costumes, accessoires, storyboards, la Deutsche Kinemathek a réuni une montagne de documents pour rendre hommage au travail du cinéaste américain. De Alice n’habite plus ici à Hugo Cabret, plus de 40 ans de carrière sont passés au crible. Et le résultat vaut le détour.

L’exposition débute avec la projection de The Big Shave. Il s’agit d’une des premières réalisations de Scorsese qui, en 1967, lui a permis d’attirer l’attention du public et de la critique. Ce court métrage de 5 minutes montre un jeune homme se rasant dans une salle de bain. Il répète son geste de façon si obsessionnelle qu’il finit par s’automutiler et mourir. À l’époque, il s’agissait d’un coup de gueule dénonçant l’absurdité de la guerre du Vietnam. Aujourd’hui, ce film est resté une référence car s’y concentre la quasi totalité de l’esthétique scorsesienne. On y retrouve des plans minutieusement construits, un montage précis, l’omniprésence de la musique mais aussi les grandes thématiques qui jalonnent l’oeuvre du cinéaste telles que la violence, l’autodestruction ou encore la poursuite d’un idéal inatteignable.

C’est précisément autour de ces thèmes et cette esthétique si particulière que s’organise l’exposition, proposant plus de 600 objets issus notamment des collections privées de Scorsese et de Robert de Niro.

scorsese

Une dizaine de thématiques très variées sont développées au court de l’exposition montrant par exemple comment l’enfance et le milieu où a grandi Scorsese ont forgé son regard sur le monde.
Une série de photos illustrent les rapports familiaux et sociaux entre les migrants italiens de Little Italy. Des rapports qui ont influencé toute une palette de personnages récurrents dans l’oeuvre de Scorsese.
Des accessoires et des costumes rappellent à quel point ses acteurs fétiches (De Niro, Keitel, Pesci, Di Caprio) se sont méthodiquement préparés pour incarner leurs rôles. Une maquette de New York explique de quelle manière le cinéaste s’est approprié petit à petit les rues de la Grande Pomme pour en faire le théâtre de scènes mythiques de Mean Streets, Taxi Driver, Raging Bull ou Gangs of New York.

Le voile est aussi levé sur le travail rigoureux et passionné du cinéaste au travers de storyboards, de notes et de scripts. Des documents qui renvoient à la virtuosité des images et de la mise en scène de Scorsese. Une maîtrise formelle que le réalisateur doit avant tout à sa cinéphilie, thème aussi largement mis en avant notamment avec la projection d’un facétieux court métrage de Scorsese rendant hommage à Hitchcock.

L’exposition braque aussi les projecteurs sur Scorsese le mélomane. On comprend que pour Scorsese, la musique est un élément de mise en scène à part entière, mais aussi qu’il a été l’auteur de documentaires musicaux de référence sur Bob Dylan ou les Rolling Stones pour ne citer qu’eux.

Bref, la quantité de documents, la variété des approches, des thèmes et la largeur du spectre d’analyse font de cette exposition une véritable réussite. Elle a non seulement le mérite de permettre au profane de mieux saisir le mythe Scorsese, mais aussi d’enfin permettre aux fans invétérés et aux cinéphiles de comtempler en vrai une multitude d’objets et de documents de références qui ont contribué à faire de Scorsese l’un des cinéastes les plus importants de ces 50 dernières années. J.B.

– Martin Scorsese, 2000 Photo: Paramount Pictures / Touchstone Pictures

– Robert De Niro (Sam ‘Ace’ Rothstein) et Sharon Stone (Ginger McKenna) CASINO, 1995 Martin Scorsese Collection, New York
Image storyboard : Foto: Martin Scorsese Collection, New York

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