Jeanne Fredac est une photographe française, autodidacte et passionnée d’architecture. Après avoir pris ses premiers clichés à Paris, puis à Naples, elle a découvert Berlin et a décidé de s’y installer définitivement en 2007. « Ce qui m’a plu à Berlin, c’est l’ambiance, la qualité de la vie, c’était les possibilités d’essayer la photographie autrement ».
Photographier la vie
Son travail, très en lien avec l’architecture, a toujours vocation à établir un dialogue avec le public : dans son projet Ruines contemporaines par exemple, ce qui l’intéresse, c’est « qu’on sente la vie dedans, c’est-à-dire qu’on sente qu’il y a des gens qui ont vécu là. »
Ses photos nous embarquent dans des endroits désolés, aux couleurs époustouflantes et aux détails qui accrochent le regard : piscines, théâtres, usines, gymnases, appartements abandonnés. Cependant, « prendre des photos, c’est aussi un moyen subtil de poser des questions ». En effet, malgré la beauté de ses clichés, ceux-ci imposent des questions telles que pourquoi de tels lieux sont-ils abandonnés ? Pourquoi les laisse-t-on se dégrader ? Et plus globalement, dans quelle logique établie grandit notre société qui construit toujours plus ?
La magie de l’argentique
Contre cette mode de l’exploration urbaine, qui devient peu à peu un business, une sorte de Disney World pour photographes amateurs, qui ne font plus appel à leur libre-arbitre pour prendre une photo, mais qui suivent les conseils des organisateurs de tours, Jeanne Fredac se caractérise par la seule utilisation de l’argentique. À force de repérages et de longues poses, les lumières et les couleurs prennent forme et s’inscrivent définitivement sur la pellicule. En souriant, elle rajoute : « Je suis peut-être un peu supersticieuse, mais j’ai l’impression que la magie continue de faire son travail dans le boîtier une fois que j’ai pris la photo ».
Loin des projecteurs du monde de l’art, Jeanne Fredac a d’abord préféré confronter ses photographies au public de la rue. « J’ai trouvé que c’était une excellente école parce qu’elle a ce côté non pédant, et à la fois le public est extrêmement critique, et c’est très intéressant de voir comment les gens regardent, ce sur quoi ils s’arrêtent, ce sur quoi ils réagissent, ce qu’ils achètent, ce qu’ils n’achètent pas. C’était une vraie école humaine, et pour moi, ça a été une école artistique. »
Rencontrer la photographe
Aujourd’hui, on peut admirer et même acheter son travail exposé dans son atelier situé près de la Spree, côté Kreuzberg. En prime, la photographe tient elle-même son atelier la moitié du temps. On a alors la possibilité d’échanger avec cette personne souriante, toujours curieuse de connaître les ressentis de son public face à son travail.
Du 29 au 31 mai, découvrez une installation inédite, composée de ses photographies et d’un élément tenu secret au Contemporary Art Ruhr !
J.L.
Crédits photos : © Jeanne Fredac
Infos Pratiques
Kreuzberg
Wander Atelier
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