Muckefunk, le laboratoire radio franco-allemand

Depuis juin 2014, la radio berlinoise Infothek 88.vier (FM 88.40) diffuse tous les troisième mardis du mois, à 9h, l’émission Muckefunk. Animé à la fois en allemand et en français, ce rendez-vous mensuel a pour but d’offrir une approche très locale sur Berlin à travers des sujets de quartier, tout en adoptant un point de vue franco-allemand. L’équipe de Vivre à Berlin vous propose d’en découvrir un peu plus sur Muckefunk à l’aide d’Adrian Garcia-Landa que nous avons rencontré et qui est non seulement l’un des animateurs de l’émission, mais aussi l’un de ses créateurs avec Gramofon et Berlin Poche.
Né d’une mère allemande et ayant grandi en France, Adrian Garcia-Landa est un franco-allemand qui connaît l’importance de son héritage culturel. Il est arrivé à Berlin il y a sept ans, après avoir fait des études de philosophie à Paris et avoir vécu une dizaine d’années à Vienne. Bien qu’il se soit toujours intéressé à la radio, il ne s’est jamais essayé au côté technique, qui l’ennuie. Finalement, en se rendant aux cours du soir proposés par Infothek et les Volkshochschulen, l’animateur a appris à monter un reportage radio : “Il suffit d’appuyer sur ON et OFF et d’avoir compris comment copier/coller ». Une fois la technique acquise, reste à trouver le concept. Et le concept, Adrian en a eu l’idée avec Gramofon et Berlin Poche après avoir découvert que le potentiel d’une émission franco-allemande à Berlin était fort, en particulier sur les sujets de culture de quartier, sur la musique et sur la communauté formée par les Français et les Allemands. Leurs observations se sont justifiées en 2014 lorsqu’ils ont lancé une analyse et reçu nombre de réponses positives à leur sondage en ligne. Coup de chance, la bande FM a autorisé la même année une licence d’émission qui permet de diffuser en d’autres langues que l’allemand. C’est ainsi que Muckefunk a pu apparaître sur les ondes.

Muckefunk est une émission franco-allemande dont l’originalité est de donner un point de vue bilingue sur tout ce qu’il se passe à Berlin. Adrian a donc le profil rêvé. “Je me suis avant tout senti plus Français qu’Allemand puis ça a basculé quand je suis arrivé à Berlin. Maintenant, je vois la France avec des yeux d’Allemand et je me rends compte qu’une partie de moi est allemande », nous raconte-t-il. “Avec Muckefunk, il s’agit de donner une approche pédagogique de la langue partenaire pour faciliter l’accès à la langue et à Berlin ». C’est dans cette optique que le programme est d’abord en français ou en allemand, puis synthétisé dans l’autre langue, Adrian s’occupant soit du français soit de l’allemand selon la personne avec qui il anime (Sara et Lena animent respectivement en français et en allemand). Gramofon est quant à lui chargé de la programmation musicale, tandis que Berlin Poche est responsable des sorties culturelles.

muckefunk
L’équipe de Muckefunk compte 17 personnes qui, rédacteurs, techniciens audio, acteurs, ou même animateurs, travaillent toutes pour le plaisir. En effet, la radio fonctionne de manière coopérative et participative, les compétences de chacun se complétant. Les thèmes sont choisis lors des conférences de rédaction où les membres de l’équipe proposent leurs propres sujets : “Le choix des thématiques est une entreprise collective. Bien sûr, il y a un rédacteur en chef qui dirige les réunions mais il n’y a pas de gens inamovibles. Avec Muckefunk, on expérimente une nouvelle forme de collaboration. Certes, on favorise indirectement l’échange interculturel, le franco-allemand et le bilinguisme, mais c’est avant tout le plaisir de faire du journalisme. Il n’y a pas de pression économique. On peut s’essayer à de nouveaux formats ; on utilise les libertés que nous donne un média non commercial. C’est comme un laboratoire radio », explique Adrian. Après l’enfance ou le Berlin vert, la prochaine émission – ce sera la cinquième – sera consacrée à l’engagement citoyen (diffusion le 21 octobre). À long terme, les initiateurs de Muckefunk espèrent transformer le programme en radio franco-allemande. Mais chaque chose en son temps pour Adrian, car “les prochaines étapes seront d’abord de posséder un site dédié à Muckefunk car sa présence actuelle sur internet ne permet d’en montrer qu’une partie, or l’émission est riche en contenu, de plus nous voulons faire de Muckefunk un pôle de création sonore et de documentaires radio et préparons des stages en ce sens ».

Tous à vos postes !

Alexia Robin

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