Dieter Roth ou l’art bazar

Première exposition de Dieter Roth en Allemagne, Dieter Roth, Und weg mit den Minuten, au musée Hamburger Bahnhof jusqu’au 16 août, s’intéresse à la façon dont cet artiste protéiforme et très – très – novateur de la seconde moitié du XXe siècle construit son œuvre.

Au cours de sa carrière, l’artiste d’origine suisse (1930-1998) change plusieurs fois d’identité. Après avoir fui l’Allemagne nazie, il est Diter Rot en 1959, Dieter Rot en 1968, pour redevenir enfin Dieter Roth à partir de 1973. C’est dans les années 1960 qu’il commence à enseigner les arts graphiques à Berne. Sa grande passion pour la musique classique l’encourage à intégrer des instruments dans ses installations et assemblages à l’apparence de bric-à-brac. En effet, l’artiste aime à travailler sur plusieurs supports (films, livres, archives, peintures, estampes, installations) à l’aide de divers matériaux, comme les instruments, le ciment, les aliments, le bois et les appareils électroniques. Son installation la plus surprenante est sans doute la géante « Gartenskulptur » qui associe éléments recyclés, pourris et objets en bois.
L’exposition est également dédiée aux nombreuses compositions musicales de l’artiste, qui s’est souvent produit à Berlin à travers des sessions musicales et des concerts, accompagné de ses amis viennois dans les années 1970. Entre autres, une réinterprétation de la « Sarabande » de Händel, saccadée de notes de piano hasardeuses (le vigile a pris le soin d’emmener son casque). La partie musicale de l’exposition est complétée par les œuvres tout aussi originales d’artistes proches du travail de Dieter Roth, dont Bruce Nauman, Nam June Paik, George Brecht, Rodney Graham, Ragnar Kjartansson pour ne citer qu’eux.

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Véritable apologie de l’art comme bricolage, l’activité de Dieter Roth fait sienne le principe selon lequel la manière de construire, laissée visible, fait l’œuvre. Un principe qui ne s’accorde pas forcément avec la dimension habituellement illustrative des Arts Décoratifs. Ici, l’œuvre de Dieter Roth semble au contraire affirmer que tout peut devenir de l’art…

 

Vignette : Ohne Titel, 1950 © Dieter Roth Estate Courtesy Hauser & Wirth
Texte et photos : Clara Lehmann

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