Mettez-vous à l’heure ZERO

Lumières braquées sur le Martin-Gropius-Bau ! Alors que le groupe d’artistes ZERO est longtemps resté dans l’ombre depuis sa création à Düsseldorf dans les années 1950, le musée nous éclaire d’un œil nouveau sur ce mouvement avant-gardiste grâce à l’exposition du même nom. À ce jour, il s’agit de la plus complète sur le sujet avec près de 200 pièces datées de 1957 à 1967. Visible jusqu’au 8 juin 2015, l’exposition présente les travaux de 43 artistes dont les œuvres sont assimilées à l’art cinétique. Coïncidence ou non, elle a été inaugurée le jour de l’éclipse solaire.

Traumatisés par la Seconde Guerre mondiale, Heinz Mack et Otto Piene, ensuite rejoints par Günther Uecker, décident de repartir de zéro, de reconstruire un monde optimiste et d’ouvrir de nouveaux horizons grâce au progrès technique. En alliant nature et technologie, en jouant avec l’ombre et la lumière, les couleurs et les formes, en maniant l’espace et le temps, ces artistes inventent, expérimentent et découvrent. Ensemble, ils tentent de combler le vide à la fois matériel et intellectuel qui a suivi la guerre. D’après Heinz Mack, « ce n’est pas seulement le résultat qui compte, mais le chemin emprunté pour y parvenir. L’important, c’est l’impulsion que l’on donne ; Zero est moins un mouvement qu’une manière d’être et un travail commun. » Exemple majeur de la collaboration des trois artistes : l’imposante installation Lichtraum placée dans l’atrium central.

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C’est aussi dans cet atrium que vous trouverez la chronologie documentée de ZERO. Illustrée par des textes explicatifs, coupures de journaux, photos, objets (drapeau, t-shirt…) et affiches, elle démarre en 1957 quand Mack et Piene ont ouvert leur première exposition d’un soir. Cette manifestation publique marque le début d’une série qui va s’étendre à l’échelle européenne. L’Italie, les Pays-Bas ou encore la France vont participer aux actions de ZERO. Ainsi, dans la vingtaine de salles du Gropius-Bau, vous admirerez les œuvres d’artistes de 11 pays différents : Lucio Fontana (Italie), Jef Verheyen (Belgique), Jesús Rafael Soto (Venezuela), Yves Klein (France), Daniel Spoerri et Dieter Roth (Suisse) ou Uli Pohl (Allemagne), pour ne citer qu’eux.

 

Difficile de décrire ce que vous allez observer au cours de l’exposition tant les caractéristiques de certaines œuvres, mouvantes ou immobiles, colorées ou monochromes, sont perçues différemment selon les visiteurs.

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« ZERO, ce n’est pas que des expériences physiques. C’est aussi très lié à la lumière. Or, la lumière revêt une dimension psychique« , commente Heinz Mack. Votre position par rapport à l’œuvre jouera aussi un rôle dans la perception que vous aurez d’elle. Il se peut donc que vous ne captiez pas toujours la même chose que votre voisin.

Si la grande majorité des œuvres sont intrigantes, il reste une faible part qui n’a pas particulièrement attiré notre attention. Le rendu de l’exposition, lumineuse, n’en est pas moins réussi. Le zéro ne sera pas pointé !

Texte et photos : Alexia Robin
© Martin-Gropius-Bau 

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