« Die Goldene Zwanziger »

Se balader une journée dans Charlottenburg, c’est une chance immédiate de replonger dans les années 20. Le Grand Berlin, c’était le rendez vous des mélomanes, l’expression culturelle et plurielle des idéaux sociaux, philosophiques, scientifiques et artistiques. À cette époque, des vagues sanglantes de répressions au sein de l’Union soviétique se succèdent et Berlin accueille alors bon nombre de ses dissidents intellectuels. On y rencontre l’élite russe des artistes et des politiques. Emerge alors une ode à la liberté, aujourd’hui encore très caractérisée. Le magnétisme avant-gardiste sculpte un paysage sensuel et décomplexé qui ignore la République de Weimar.

Cette diaspora artistique donnera le jour à de grands noms de l’art : talentueux, sensibles et prolixes. L’éventail de talents berlinois n’a de cesse de se développer : de l’emblématique actrice et chanteuse Marlène Dietrich en passant par la famille Nabokov ou encore la peintre Charlotte Salomon. Cette dernière, peu connue, naquit précisément à Charlottenburg où une plaque rend hommage à sa mémoire en l’endroit où elle vécut sa courte vie, non loin de Savigny Platz. Une superbe porte en bois nous sépare de son souvenir et de l’appartement du premier étage qu’elle occupait avec ses parents. De beaux immeubles témoins du «  Grunderzeit » (les années de fondation) de Guillaume Ier caractérisent le quartier. Une verdure flamboyante en été et des rues cossues où l’on ne perçoit plus grand chose de ce temps passé. Einstein, Döblin ou encore Brecht fréquentaient ces lieux d’esprit, de dynamisme et de décadence.

Ce socialisme culturel et expressionniste nous laisse aujourd’hui avec des œuvres mythiques comme Metropolis de Fritz Lang ou encore l’opéra des 3 sous de Brecht, présenté la première fois dans le théâtre de Schiffbauerdamm de Mitte et qui restera comme le plus grand succès de cette décennie. Quand aux cabarets et à l’occultisme, ils faisaient fureur et donnaient lieu aux expérimentations les plus déjantées. Nous replonger aujourd’hui dans cette partie si charismatique du 20eme siècle est un passage nécessaire à quiconque souhaite partager un moment avec l’Histoire.

Margaux Friocourt

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