Aurélien Jouannen alias Krousky Peutebatre est un photographe dijonnais installé à Berlin depuis maintenant plus de quatre ans. Contrairement à ce que pourraient laisser penser ses implants crâniens, ses tatouages faciaux et son mètre quatre-vingt-dix, ce géant au look improbable est un doux timide. Il me confie avoir beaucoup souffert du regard des autres – de la cruauté dans la cour de récréation puis dans le monde des adultes – avant d’embrasser sa condition de freak pour en faire sa marque de fabrique. Or, quelle ville n’est plus indiquée que Berlin pour laisser libre cours à son originalité ? Âmes sensibles s’abstenir, nudité et modifications corporelles font partie intégrante de l’emprunte visuelle de Krousky.
Des squats de Dijon aux rues de Kreuzberg
Krousky a peu à peu trouvé ses marques dans la capitale allemande en capturant le portrait des enfants tatoués de Kreuzberg et en ramenant des clichés des hédonistes de la – pourtant très secrète – scène underground berlinoise. Il s’est forgé une identité artistique qui emprunte l’imaginaire du cirque et des freak shows comme celui du film d’horreur. Dans les photos de Krousky, le licencieux rencontre le merveilleux, tandis que les limites entre le réel et l’imaginaire s’estompent pour nous faire entrer dans un cabaret de l’étrange aux couleurs bigarrées.
Capturer l’éphémère : une fresque dionysiaque de la nuit berlinoise
Il est également l’un des organisateurs des soirées Apokalipstick au sulfureux Kit Kat Club ainsi que le photographe officiel de la mythique salle de concert du SO36. A son tableau de chasse, un documentaire avec National Geographic, ainsi que de multiples collaborations avec des musiciens parmi lesquels le groupe Cypress Hill, les punks américains de NOFX ou les excellents berlinois de Indian Nightmare.
Des pin-ups aux chanteurs de hardcore, des soirées queer aux performances de Body Art, Krousky maîtrise aussi bien le noir et blanc que la couleur, la photo de groupe que le portrait pour vous offrir une plongée dans la nuit berlinoise dont vous ne ressortirez pas indemnes.
Lou Antonoff