Berliner Frauenensemble Holz und Blech : un orchestre au féminin

L'orchestre féminin Berliner Frauenensemble Holz und Blech
Crédits photo : https://www.facebook.com/BerlinerFrauenensemble.holz.blech

Marie, Anja et Isabelle. Sophie, Brigit et Yvonne. Et puis Sabine et Julia. Leur point commun ? La clarinette. Steffi, Anna et Jana. Sigrid, Irene et Erika. Ensuite on a Agnes et Marion : les flûtistes. À cela s’ajoutent Michaela, Rita et Susanne – à la basse. Après, on a Josta, Jasmijn et Andrea. Judith, Andrea, Anke et enfin Isabelle. Toutes sont saxophonistes. Pour finir, Monika, Tanna, Anke et Marlies qui maîtrisent la trompette. Sarah à la contrebasse et Cathi à la batterie. Et enfin, Urska et Christiane au trombone. Une trentaine de femmes, un orchestre.

Allemandes, Françaises, européennes ou pas. Mariées, célibataires, étudiantes, employées ou pas – cela n’a pas d’importance ici. Ces trente femmes parlent une seule et même langue : celle de la musique. Leur dictionnaire de référence ? Astrid Graf, cheffe d’orchestre et professeur de clarinette et de saxophone.

Beaucoup d’appelées et beaucoup d’élues

Ces musiciennes amatrices font partie du Berliner Frauenensemble Holz und Blech – un orchestre né dans l’ombre d’un autre, plus grand : le Frauenblasorchester Berlin.

En 2004, lorsqu’Astrid a lancé le projet de créer un orchestre exclusivement féminin, quarante femmes se sont présentées à la première répétition. Sophie, membre de l’orchestre depuis deux ans et demi et clarinettiste, me raconte : « Il y avait tellement de volontaires qu’Astrid a créé une seconde entité censée préparer les candidates à intégrer ce fameux orchestre, une forme de « prépa ». Au bout d’un moment, on a voulu être indépendantes et c’est comme ça qu’est né Holz und Blech ». En 2018, le grand orchestre fête ses quinze ans et son petit frère soufflera sa dixième bougie. en 2019

Côté musique, l’orchestre ne choisit pas de morceaux traditionnellement joués par les instruments à vent, style fanfare ou défilé. Au menu : musique de film, swing et un peu de jazz, ajoutez quelques notes de funk, des réinterprétations aussi, mais oubliez les medley. « Les rythmes et tonalités sont trop différents (…) On ne va pas se frotter à des airs qu’on ne saurait pas bien jouer, poursuit Sophie. Astrid trouve les partitions des morceaux, elle les réécrit et les adapte à nos instruments ainsi qu’à notre niveau. »

De la musique qui a du sens

Chaque année, le Frauenensemble organise un concert pour une œuvre de charité. L’année dernière, elles ont joué dans une église au profit de l’association Friedenau Hilft qui vient en aide aux réfugiés Cette année, même décor mais cette fois pour l’association Mitmach Musik qui sensibilise les enfants réfugiés à la musique.

« La musique m’apporte un moment d’escapade. Je sors de mes tâches quotidiennes : manger, faire les courses (…). C’est un projet à long terme aussi et un travail d’équipe. Il faut être à la hauteur. Quand on se voit une fois par semaine, il faut que chacune de nous s’engage et travaille pour ne pas mettre les autres dans la mouise parce qu’on n’aurait pas travaillé. (…) Elles ont besoin de moi comme j’ai besoin d’elles. »

Trois françaises font partie de l’orchestre, toutes clarinettistes et germanophones aussi. Les répétitions se font en allemand. Les directives d’Astrid, quand il s’agit de décrire le ressenti ou la sensibilité aux notes, doivent pouvoir être comprises de toutes. Pour enseigner, elle recourt à la métaphore en abondance. Mais la musique est une langue universelle aux yeux de Sophie. L’année prochaine, il est question de donner un concert en Champagne, à l’occasion du centenaire de la fin de la guerre.

Johanna Cincinatis

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