Le musée Käthe Kollwitz désormais au Château de Charlottenburg

Käthe Kollwitz en 1906
Käthe Kollwitz en 1906 © Philipp Kester, Public domain, via Wikimedia Commons

Käthe Kollwitz est née dans la ville prussienne de Königsberg, aujourd’hui Kaliningrad en Russie. Elle s’est imposée dans le monde de l’art – alors dominé par les hommes – grâce à des oeuvres centrées sur les femmes, les mères en particulier, et les effets de la pauvreté, de la faim et de la guerre sur la classe ouvrière.

Qui était Käthe Kollwitz ?

Käthe Kollwitz (1867–1945) est l’une des artistes allemandes les plus sages et éclairantes du XXe siècle. Elle s’oriente d’abord vers la peinture qu’elle abandonne en 1890 au profit de l’eau-forte et de la sculpture. Par la suite, elle se tourne vers la lithographie, la gravure sur bois et le dessin. En 1919, elle est la première femme à devenir membre de l’Académie prussienne des arts. Elle sera également nommée professeur.

Mais les malheurs qui frappent sa vie ont considérablement marqué son oeuvre. En effet, Käthe Kollwitz perd son plus jeune fils dans les deux mois du début de la Grande Guerre. Lors de la Seconde Guerre mondiale, son petit fils est également tué et elle subit la ré-appropriation et l’interdiction de son travail par les nazis.

La marche des tisserands - Käthe Kollwitz
La marche des tisserands  Käthe Kollwitz, Public domain, via Wikimedia Commons

Dès lors, elle n’aura de cesse de combattre les injustices et les guerres. Cette empreinte apparaît avec beaucoup de clarté dans ses œuvres notamment dans son émouvante série de lithographies sur la Mort. Il en est de même avec son affiche Nie wieder Krieg! ( plus jamais la guerre ) ou encore ses sculptures louant le rôle protecteur de la mère.

Investie dans les milieux artistiques de gauche, elle s’attache également aux thèmes de la pauvreté, de la souffrance des travailleurs et les répressions violentes dont ils font les frais.

Ses œuvres sont frappantes de clarté et ne jouent d’aucun superflu. En effet, son talent n’est pas à chercher derrière un académisme extravagant, mais du côté de la nécessité d’une sincérité absolue. Ses autoportraits sans complaisance en sont l’exemple parfait.

Le château de Charlottenburg, nouvel écrin du musée

Durant l’été 2022, le musée a préparé ses cartons pour quitter la Fasanenstrasse qu’il occupait depuis 36 ans. Désormais, nous retrouvons la collection Käthe Kollwitz dans l’aile ouest du château de Charlottenburg, dans le Theaterbau. Plus d’informations ici.

Si elle n’est pas née à Berlin, Käthe Kollwitz y a vécu près de cinquante ans. C’est d’ailleurs ici qu’elle connut son premier grand succès avec la série de lithographies sur Les Tisserands (die Weber).

Et ce n’est pas un hasard si c’est une de ses oeuvres qui orne aujourd’hui la Neue Wache sur Unter Den Linden. Cet édifice est désormais le Mémorial central de la République fédérale d’Allemagne aux victimes de la guerre et de la tyrannie. Au coeur du bâtiment, seule se dresse une Pietà, statue représentant une mère et son fils mort dans ses bras. Cette statue de Käthe Kollwitz symbolise l’universalité de la douleur face aux guerres et aux violences. Elle la produisit en 1937. On y lit toute la souffrance de la mère ayant perdu son propre fils, cela donne une force particulière à cette oeuvre.

Pietà (mère avec son fils défunt) dans la Neue Wache à Berlin
Pietà (mère avec son fils défunt) dans la Neue Wache à Berlin (c) Rafael Rodrigues Camargo, CC BY-SA 4.0, via Wikimedia Commons

Malheureusement, l’artiste est encore trop peu connue en France. Seulement deux expositions lui ont été consacrées jusqu’à présent. Son travail montre pourtant avec pédagogie et réalisme les dérives mortelles qu’emprunta l’Europe et dont l’homme peut être victime à tout moment…

Alors à l’occasion d’une balade dans les magnifiques jardins du château de Charlottenburg, ne manquez pas de faire un détour par le musée Käthe Kollwitz.

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