Nous avons dû faire connaître la galette à Berlin

Il est à notre connaissance le premier des crêpiers français à s’être installé (et à toujours exister) à Berlin. Ahmed Moutaoukil, 44 ans, a ouvert sa Crêperie bretonne en 2007 déjà, dans une rue de Kreuzberg alors en pleine reconstruction. « Le propriétaire des lieux est un grand amoureux de la France ; il était enthousiaste que je me lance avec mon restaurant dans cette rue… », se souvient Ahmed.

C’est dans un cadre chaleureux et ajouré que ce sympathique patron français reçoit ses visiteurs. Aux murs, un gouvernail, une carte de la Bretagne, des tableaux d’artistes venant de cette région. Et un diplôme : « Je suis officiellement ambassadeur du tourisme breton », se réjouit Ahmed. « J’avais fait les démarches nécessaires pour obtenir ce titre. Une délégation française est venue une fois me voir sans s’annoncer ; ils ont trouvé super », raconte-t-il avec l’enthousiasme et la simplicité qui le caractérisent…

De nombreuses galettes et crêpes sucrées…

 

Une vingtaine de galettes différentes sont affichées sur la carte : complète (testée : très bonne), Auvergnate, Bayonne, Nordique, Quatre fromages, Paysanne, Chevrette… « Le reproche classique, c’était de ne pas avoir assez de garniture viande. Alors je propose aussi des galettes boeuf bourguignon, poulet à la Nantaise et boudin noir à la pomme et confiture d’oignon », détaille Ahmed.

Dans le sucré, là aussi le choix ne manque pas avec l’incontournable pomme-caramel breton, la crème de marron, la pomme-calva ou la crêpe au grand-Marnier. « Il y également la crêpe qui trahit mes origines : l’orientale, avec figues sèches, noix et miel », complète-t-il. Un menu à 13 € permet de combiner une entrée, une galette salée et une crêpe sucrée…

Être « satt »

galette-berlin
L’exportation culturelle et culinaire ne se fait pas sans problèmes de traduction et de représentations. « Ici, dans l’imaginaire allemand, on doit sortir de table et « être satt » », croit avoir compris Ahmed. « Or, la crêpe est souvent liée à Noël ou à des fêtes foraines. C’est le dessert ici. Nous avons dû faire connaître la galette à Berlin et expliquer que la farine de Sarrasin se prêtait particulièrement bien au salé. »

Du simple au double…

Que désormais d’autres crêpiers français soient venus s’ajouter à la suite de sa Crêperie bretonne ici à Berlin ? Ahmed n’y voit aucun désagrément. À l’inverse : « Tant mieux, je leur souhaite bonne chance à tous. C’est bénéfique, cela permet de mieux faire connaître le produit… »

Un produit qui en passant les frontières ne change pas forcément de goût mais parfois de prix, comme en témoigne cette anecdote racontée par le patron. « Un client m’intriguait en me demandant toujours deux galettes complètes d’un coup. Je lui ai demandé « mais pourquoi donc toujours deux?! » et il m’a expliqué qu’arrivé à Berlin, il payait simplement la même chose qu’à Paris… mais qu’il pouvait avec ceci s’offrir le double ! »
Ahmed Moutaoukil, le patron de la Crêperie bretonne à Kreuzberg.

Texte : Nicolas Donner
Photos : Benjamin Visinand

Laisser un commentaire