Casse-Noisette au Staatsballet Berlin – une tradition de Noël

Le célèbre ballet Der Nussknacker – Casse-noisette – est au répertoire du Staatsballet Berlin depuis plus de vingt ans. La mise en scène a été modifiée en 2014 par les chorégraphes Vasily Medvedev et Yuri Burlaka, toujours aux commandes à ce jour malgré la décision du Staatsballet de revoir à nouveau la chorégraphie suite à des critiques jugeant l’oeuvre raciste et discriminatoire.

L’histoire, inspirée d’un conte d’Ernst Theodor Amadeus est un classique : pour Noël, l’oncle Drosselmeyer offre à la jeune Clara un casse-noisette. Pendant la nuit le jouet prend vie et affronte une armée maléfique de souris jusqu’à la mort. Puis il se métamorphose en prince charmant avant d’emmener la jeune-fille dans un royaume enchanté.

La nouvelle mise en scène s’inspire de la création originale de 1892 de Piotr Ilitch Tchaïkovski et Marius Petipa. Les chorégraphes russes Vasily Medvedev et Yuri Burlaka, nous plongent dans le faste de la cour du tsar et de la grande bourgeoisie de la fin du 19e siècle. Ils restituent notre casse-noisette dans son contexte historique d’origine.

Dès la première scène, les invités se pressent sous la neige jusque dans la maison des parents de la jeune Clara et de son frère. Pas de doute, les costumes sont magnifiques. Sous les manteaux en fourrure, le spectateur devine les tenues de bal. Pour la fête, tous ont revêtu leurs plus beaux habits. Confectionnés d’après les tenues d’origine, le travail fourni par Tatiana Noginova, la costumière, est immense.

De même pour la salle de bal, qui abrite le souvenir d’une époque révolue. Le plafond à caisson, les lourds meubles de bois et de marbre, le gigantesque arbre de Noël, l’opulence n’a ici pas de limite et les danseurs jouent le jeu. Les rondes n’en finissent plus. Adultes et enfants – plus de cinquante enfants – y participent.
Pari tenu donc. Le décor est tellement somptueux que l’on ne sait plus où regarder. Au milieu de tout ce luxe se trouvent quelques fantaisies. Lors du rêve éveillé de Clara, l’horloge aux yeux de hibou s’anime. Les souris affrontent l’armée des casse-noisettes à coup de fruits, parts de tartes, et autres restes du festin.
Cependant certains personnages sont un peu laissés de coté, engloutis par la mise en scène. L’oncle Drosselmeyer n’apparait pas dans toute son ambiguïté et son mystère. Son côté sombre est ici occulté.
Sans grande transition, la toute jeune fille se transforme en une femme adulte, lorsque son casse-noisette devient prince.

Iana Salenko et Marian Walter, Clara et son casse-noisette – tous deux excellents, en couple dans la vraie vie, ne renvoient pas l’image d’un premier amour mais d’une plus grande maturité.

Le voyage aux pays des sucreries est mis en scène à la lettre, avec faste ; un cygne doré dans lequel voyagent les amoureux, des angelots dans une nappe de brouillard, des danses du monde entier, des sucreries partout. Peu de suggestions, peu d’espace pour imaginer. Probablement un certain humour dans  l’accumulation.

casse-noisette

Peut-on créer de toute pièce un rêve, sans laisser le spectateur y participer?
Ce somptueux casse-noisette est emprunt d’une certaine mélancolie,  d’une référence à un temps qui n’est plus mais existe dans l’imaginaire collectif et traverse les années. Surtout à la veille des fêtes.

Un casse noisette enneigé que l’on n’est pas prêt d’oublier et que l’on n’oubliera pas, car il restera longtemps au répertoire! Une telle opulence a un coût.

Bertille Sindou-Faurie 

 


Crédits photos SBB (c) Bettina Stöß

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