La faune sauvage de Berlin

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Berlin est une ville verte. Avec 40% de sa superficie couverte de parcs, de rues arborées, de berges sauvages et de friches végétalisées, c’est un peu la cité dans la nature. Aussi, vous ne serez pas étonnés d’apprendre qu’il est possible de croiser un animal sauvage au détour d’un chemin. Avec des hivers plus doux, une végétation abondante et surtout des poubelles regorgeant de victuailles, c’est la petite annonce idéale pour un animal en quête d’un logis douillet. Petit relevé des amis sauvages que l’on peut croiser à Berlin.

Le renard

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N’avez-vous jamais eu une apparition, furtive et poilue, un soir où vous rentriez d’une fête ? Un petit rouquin pressé avec un air rusé ? Oui, c’est bien lui, Maître Renard. Sa passion : inspecter vos poubelles la nuit quand le monde bipède dort tranquillement. Opportuniste, il s’adapte très bien en ville et notamment à Berlin. Le jour, il dort dans sa tanière, au plus profond du Tiergarten et la nuit, il s’en va chercher pitance dans les vide-ordures, ripaillant volontiers de vos restes de Currywurst. Comme c’est aussi un sportif, il aimera parfois taquiner le mulot ou l’escargot. N’ayez crainte de la rage, c’est une affaire classée pour le renard berlinois.

Le sanglier

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Le plus impressionnant des locataires sauvages de Berlin est indéniablement le sanglier. S’il est rare de le croiser en plein Mitte, il promènera volontiers sa petite famille en périphérie de l’agglomération. Les chemins de randonnée que vous empruntez pour vous rendre à la campagne depuis la ville sont de fantastiques moyens pour Monsieur le cochon sauvage de pénétrer plus profondément dans Berlin, notamment en été. C’est ainsi que le sanglier de Grünewald montre de temps en temps son groin à Dahlem, retournant passionnément les parterres de fleurs à la recherche de quelques bulbes à grignoter. Son goût pour les cimetières berlinois est assez prononcé, allez comprendre pourquoi…

La fouine

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Plutôt bonne bouille avec sa petite tête triangulaire très expressive, elle est vêtue d’un pelage marron argenté dont la spécificité est un joli plastron blanc. Si Maître Renard est rusé, Dame Fouine, elle, est une curieuse. Votre vie l’intéresse, enfin surtout votre poubelle ou peut-être Mimi, la souris de compagnie de vos enfants si elle gambade librement dans votre jardin. Si elle élit domicile chez vous, vous en serez vite informés. Outre l’odeur sauvage qu’elle laisse derrière elle, son activité nocturne plutôt bruyante ne vous échappera pas. Autre spécialité de la demoiselle qui lui vaut la qualification de nuisible : les câbles de votre voiture, qu’elle rongera jusqu’à… la panne. Bref, une mignonne petite bête qu’il vaut mieux voir en photo que dans sa maison…

Le raton laveur

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Autre locataire du Tiergarten, l’ours laveur, traduction littérale de son nom allemand. Le raton laveur est originaire d’Amérique. Il doit cette appellation à sa manie de laver ses aliments avant de les manger. Introduit en Europe en 1934 pour sa fourrure, le premier couple de raton laveur compte aujourd’hui une descendance nombreuse et quelque peu ravageuse. En effet, malgré sa tête rigolote de gangster masqué, sa boulimie carnivore pose de gros problèmes quant à la survie d’autres espèces endémiques (oiseaux, tortues). Comme la fouine, il peut venir s’installer dans votre grenier après avoir ravagé votre isolation… Bref, encore un charmant casse-pieds, que l’on peut croiser à Berlin dans les zones de Nollendorfplatz, Alexanderplatz et de la Torstraße.

L’écureuil roux

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Alors qu’il est menacé par son cousin gris du Canada, l’écureuil roux se porte bien à Berlin. Il faut dire que les Berlinois ont eu l’intelligence de border leurs rues d’arbres qui non seulement font de belles feuilles, mais aussi de bons petits fruits comme le noisetier, le chêne, le sorbier ou le pommier sauvage : un véritable garde-manger pour ce petit rongeur. Il est donc courant d’apprécier ses passages furtifs, toujours très pressé, dans nos rues mais aussi dans les grands parcs comme le Jardin botanique de Dahlem ou le Château de Charlottenburg.

L’abeille

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Si l’abeille est partout où l’on peut trouver des fleurs, son arrivée en masse dans les villes est bien le fait de l’Homme. Partout dans les grandes agglomérations du monde, des gens se mobilisent pour venir en aide aux abeilles en s’improvisant apiculteur urbain. Si l’objectif n’est pas tant de produire du miel de ville, c’est avant tout de lutter contre l’effondrement des colonies qui a atteint aujourd’hui des chiffres alarmants. Sachant que l’abeille pollinise 80% de ce que nous mangeons, c’est avec ferveur que nous accueillons les projets de ruches urbaines qui naissent un peu partout à Berlin.

Les ours de Berlin ?

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D’accord, nous sortons un peu du sujet, ceux-là ne sont pas vraiment sauvages car vous les trouverez surtout dans les zoos et certains parcs de la ville. L’ours étant le symbole et l’emblème de la ville de Berlin, il est logique d’en trouver quelques-uns même si malheureusement ils n’ont pas l’air épanouis dans leurs cages … Après le décès de Schnute en octobre 2015, le Köllnischer Park qui abritait des ours depuis 1939 dans une fosse en plein air a décidé de ne plus en accueillir.

Au final, pourquoi laisser les animaux sauvages s’installer en ville me direz-vous ? Parce qu’ils contribuent, pour certains, à la biodiversité de Berlin : l’abeille pollinise les arbres fruitiers, tandis que renard, raton laveur et fouine contrôlent les populations de rongeurs ; ils ne sont pas complètement inutiles à la communauté urbaine. Il ne faut donc pas les chasser mais plutôt opter pour une coexistence pacifique, un voisinage en bonne intelligence. Une règle de base a cependant été imposée par la loi : il est interdit de nourrir les animaux sauvages sous peine d’amende. En cas de rencontre fortuite, il convient de ne pas les approcher, de rester calme, surtout en présence de leurs petits et de leur laisser la possibilité de s’enfuir.

Apprécier le moment sans intervenir parce que, comme disait Aristote,  » le spectacle de la nature est toujours beau « …

Aude Morin-Veyret

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