Le Mémorial du Mur de Berlin situé sur la Bernauerstrasse est un incontournable pour ceux qui souhaitent comprendre la ville au temps de la division Est-Ouest. Il s’agit ici de la dernière section du mur visible dans son intégralité, c’est-à-dire en coupe transversale. Un dispositif qui a profondément marqué l’histoire de ce quartier.
Le dernier vestige du mur de Berlin
Nous connaissons tous le mur tel qu’il se présente à l’East Side Gallery, une longue succession de dalles de béton taguées. Ici, le mémorial du Mur de Berlin le montre en coupe transversale, comme il fut construit en tant que dispositif frontalier. En effet, peu de personnes savent que le mur était composé de deux murs : un à l’arrière plan de la zone frontière et l’autre à l’extérieur. Entre les deux se trouvaient un no man’s land qui servait aux rondes. Tandis que miradors, grillages, fossés anti-véhicules et lampadaires permettaient une surveillance permanente de la zone. Ainsi, c’est ici qu’il faut venir pour voir le véritable et dernier tronçon du mur de Berlin.
Cette section de 64 mètres de long et son no man’s land sont délimités par deux immenses murs d’acier de 6 mètres de haut. L’intérieur en inox poli reproduit le mur de la honte à l’infini et rappelle la vision qu’en avaient les Berlinois jusqu’à sa chute le 9 novembre 1989.
Un quartier bouleversé par la construction du mur de Berlin
Comme dans de nombreux quartiers de Berlin, le réveil fut difficile au matin du 13 août 1961. Car du jour au lendemain, famille, amis, voisins devenaient inaccessibles. Et il est vrai que la Bernauer Strasse a été particulièrement marquée par l’installation éclair du mur. En effet, les bâtiments au sud de cette rue dépendaient de Berlin-Est tandis que leurs trottoirs étaient rattachés à Berlin-Ouest. Bien que les portes et fenêtres des premiers étages furent murées par les soviétiques, de nombreux habitants fuirent à l’ouest en sautant dans le vide. Certains ont réussi, d’autres y ont perdu la vie. Ces images ont fait le tour du monde en 1961.
En réponse, la RDA décida d’expulser les riverains et de démolir les immeubles. L’église de la Réconciliation qui se retrouva au milieu du No man’s land fut elle aussi rasée en 1985. Les tombes du cimetière de la Sophiekirche furent déplacées, rien ne devait gêner la surveillance de la zone…
Un site classé monument historique
Le Mémorial de la Bernauerstrasse, inauguré le 9 novembre 1999, s’étend des deux côtés de la rue. Une exposition en plein air a été aménagée sur le no man’s land et retrace l’histoire du Berlin divisé.
La Chapelle de la Réconciliation inaugurée le 9 novembre 2000 remplace et commémore l’église de la Réconciliation détruite en 1985. Elle a été construite sur les fondations du chœur de l’ancienne église qui datait de 1894. La Chapelle intérieure est construite avec une partie des anciennes pierres de l’église. Le noyau ovale du bâtiment est entouré d’une façade translucide en lattes de bois. Des messes y sont célébrées à la mémoire des victimes du mur.
De l’autre côté de la rue, on trouve le centre d’accueil des visiteurs et le centre de documentation. Celui-ci est doté d’une tour panoramique pour mieux observer le site.
Enfin, la station de S-Bahn Nordbahnhof propose l’exposition « Gares frontalières et gares fantômes », évoquant les conséquences de la division de la ville sur le réseau des transports de Berlin.
Une visite à ne pas manquer pour mieux comprendre la vie des Berlinois au temps de la division.
Aude Morin-Veyret