Vous comptez visiter Berlin et voulez vous mettre dans l’ambiance ? Vous êtes déjà sur place mais voulez vous immiscer davantage dans l’histoire de la ville ? Voici pour vous une belle sélection de livres sur Berlin.
La Trilogie berlinoise, Philip Kerr
L’été de cristal se situe en 1936, alors que l’on “nettoie” Berlin en prévision des J.O. Bernie Gunther, ancien membre de la Kripo devenu détective privé n’est pas sans ressembler à Philip Marlowe, le modèle culte de tous les privés. Son enquête (meurtre de la fille d’un industriel et disparition de bijoux) le conduit à se laisser interner au camp de Dachau… Dans La pâle figure, situé en 1938, il est victime d’un chantage de Heydrich qui veut le contraindre à réintégrer la police. Un requiem allemand, le plus noir des trois, commence en 1947 dans Berlin en ruine et divisé en secteurs d’occupation. La Trilogie berlinoise, tout en respectant les règles du genre policier, offre un portrait glaçant et puissamment évocateur de Berlin au quotidien à l’ère nazie. © Editions du Masque
Herr Lehmann, Sven Regener
Berlin, septembre 1989, Frank Lehmann, que ses amis, à son grand déplaisir, n’appellent plus que « Herr » Lehmann depuis qu’il approche de la trentaine, évolue avec aisance et contentement dans sa niche écologique de Kreuzberg, dont il répugne à sortir. Sa seule ambition est de continuer à partager sa vie entre un modeste appartement, le bistrot qui l’emploie et nombre d’autres où l’on sert sa marque favorite de bière. Mais, à l’approche de l’événement, de menues contrariétés viennent perturber sa chère routine, signes avant-coureurs d’un changement qui affectera son existence personnelle et, sur un autre plan dont il ne se soucie guère, l’histoire allemande. C’est d’abord, au petit matin, la rencontre d’un chien résolu à lui barrer la route. Puis les désagréments se succèdent sur le mode tragi-comique : visite de ses parents venus de Brême, excursion à Berlin-Est où il est refoulé au contrôle, amours déçues, dépression de son meilleur ami. Le soir du 9 novembre, jour de son anniversaire, Herr Lehmann, qui se sent vieux et vide, fait la tournée des bistrots, noyant dans la bière le pressentiment qu’un chapitre de sa vie s’achève, tandis que Berlin en liesse fête l’ouverture du Mur. Tel Fabrice à Waterloo, Herr Lehmann, trente ans, n’a rien vu. © Editions du Seuil
Le Bonheur allemand, Pascal Hugues
Disciplinés, matérialistes, donneurs de leçons, buveurs de bière invétérés et citoyens sans humour d’un pays torturé par son passé ? ou, au contraire, trop pressé de l’oublier : tels sont, dans l’imaginaire français, nos puissants voisins d’outre-Rhin.
Ajoutons les vieux démons, toujours prompts à s’éveiller, le fameux modèle et la non moins proverbiale lourdeur, et le tableau sera complet.
Pascale Hugues a voulu en finir avec ces clichés. Dans ce livre amical, quoique non dépourvu d’ironie, elle trace le portrait au quotidien d’une Allemagne en quête d’un certain art de vivre. Tournant résolument le dos aux « grands problèmes », elle s’attache à décrire les espoirs, les illusions et parfois les certitudes de ce peuple guère si éloigné du nôtre, et confronté depuis neufs ans à un défi historique : celui de son unité.
Un petit patron enclin au paternalisme, une kolkhozienne allemande du Kazakhstan, un peintre réaliste-socialiste au chômage, un hobereau saisi par l’écologie, une esthéticienne turque : tels sont quelques-uns des personnages de cette comédie humaine saisie sur le vif. © Editions du Seuil
Seul dans Berlin, Hans Fallada
Mai 1940, on fête à Berlin la campagne de France. La ferveur nazie est au plus haut. Derrière la façade triomphale du Reich se cache un monde de misère et de terreur. Seul dans Berlin raconte le quotidien d’un immeuble modeste de la rue Jablonski, à Berlin. Persécuteurs et persécutés y cohabitent. C’est Mme Rosenthal, juive, dénoncée et pillée par ses voisins. C’est Baldur Persicke, jeune recrue des SS qui terrorise sa famille. Ce sont les Quengel, désespérés d’avoir perdu leur fils au front, qui inondent la ville de tracts contre Hitler et déjouent la Gestapo avant de connaître une terrifiante descente aux enfers.
De Seul à Berlin, Primo Levi disait, dans Conversations avec Ferdinando Camon, qu’il était «l’un des plus beaux livres sur la résistance allemande antinazie». Aucun roman n’a jamais décrit d’aussi près les conditions réelles de survie des concitoyens allemands, juifs ou non, sous le IIIe Reich, avec un tel réalisme et une telle sincérité. © Collection Folio
Berlin Alexanderplatz, Alfred Döblin
Après quatre années passées à la prison de Tegel pour proxénétisme, Franz Biberkopf décide de ne plus retomber dans l’illégalité. Tour à tour terrassier, déménageur, vendeur de journaux ou camelot, Biberkopf arpente les bas-fonds de la ville et l’Alexanderplatz en espérant gagner sa croute en tout bien, tout honneur. Mais la mission est difficile pour Franz « Tête de Castor »…
Une Femme à Berlin , récit anonyme
La jeune Berlinoise qui a rédigé ce journal, du 20 avril 1945 – les Soviétiques sont aux portes – jusqu’au 22 juin, a voulu rester anonyme, lors de la première publication du livre en 1954, et après. À la lecture de son témoignage, on comprend pourquoi.
Sur un ton d’objectivité presque froide, ou alors sarcastique, toujours précis, parfois poignant, parfois comique, c’est la vie quotidienne dans un immeuble quasi en ruine, habité par des femmes de tout âge, des hommes qui se cachent : vie misérable, dans la peur, le froid, la saleté et la faim, scandée par les bombardements d’abord, sous une occupation brutale ensuite. S’ajoutent alors les viols, la honte, la banalisation de l’effroi.
C’est la véracité sans fard et sans phrases qui fait la valeur de ce récit terrible, c’est aussi la lucidité du regard porté sur un Berlin tétanisé par la défaite. Et la plume de l’auteur anonyme rend admirablement ce mélange de dignité, de cynisme et d’humour qui lui a permis, sans doute, de survivre. © Collection Folio
Journal d’une Jeune fille Russe à Berlin, Marie Vassiltchikov
Marie Vassiltchikov (dite » Missie « ) est une charmante Russe issue d’une famille émigrée appareillée à tout le gotha européen. Elle mène d’abord une existence insouciante, mais la folie du nazisme va la métamorphoser. Obligée pour survivre de travailler au ministère des Affaires étrangères allemand, elle s’y lie d’amitié avec des opposants qui partagent sa haine du régime et n’ont bientôt qu’un seul but : abattre Hitler. Son journal, qui fut publié pour la première fois en 1976, deux ans avant sa mort, est une belle leçon de courage et d’espoir. Jamais ou n’avait décrit ainsi, sur le vif, la vie quotidienne dans un Berlin livré au chaos – privations, bombardements, destructions massives, terreur policière, angoisse permanente de l’avenir. Jamais surtout on n’avait évoqué de façon aussi saisissante l’attentat du 20 juillet 1944 contre le führer, qui fut tout près de réussir mais s’acheva dans un bain de sang. Le lecteur redécouvrira avec passion cet extraordinaire document, qui exalte l’esprit de résistance d’une femme libre et indomptable. © Editions Phébus
L’Ami allemand, Joseph Kanon
Roman d’espionnage, intrigue policière, bouleversante histoire d’amour, L’Ami allemand est aussi le portrait saisissant d’une ville prise dans la tourmente de l’Histoire.
Berlin, 1945…
Ancien correspondant de la CBS, Jake Geismar peine à reconnaître les lieux ou il a vécu autrefois : la capitale déchue du IIIe Reich n’est plus qu’un champ de ruines ou errent des colonnes de réfugiés au regard vide.
Officiellement, Jake doit rédiger une série d’articles sur la conférence de Potsdam ; officieusement, il veut revoir Lena, celle qu’il a passionnément aimée. Mais comment la retrouver dans cette ville au décor lunaire ou les habitants disparaissent sans laisser de traces ? Ou tout se monnaie à prix d’or au marché noir ? Ou, pour sauver sa peau, on n’hésite pas à échanger faux témoignages et informations hautement confidentielles ? Et ou, dans un climat de tension politique extrême, personne ne s’émeut de la découverte d’un soldat américain mort dans le secteur russe ?
Au fur et à mesure de son enquête, Jake va s’enfoncer dans les ambiguïtés du dispositif allié et comprendre que l’âme humaine est capable du pire quand il est question de préparer une nouvelle forme de guerre… © Editions Belfond
Une vie de Pintade à Berlin, Hélène Kohl
Enfin, pour finir sur une touche légère et tellement drôle, nous vous conseillons vivement Une vie de Pintade à Berlin. Si vous partez vivre à Berlin ou que vous y êtes déjà, c’est le must-have de votre table de nuit. Ecrit par Hélène Kohl, journaliste, dans un style délicieusement caustique, il partage les codes des Berlinoises pur jus. Nous disons bien DES Berlinoises car il y en a plusieurs styles, souvent en fonction des quartiers. Comme la ville, elles ont plusieurs visages, mais cultivent toute la liberté avec un grand L. Vous pouvez lire notre interview de l’auteur ici !