Le débrouillard

Lucas Riveill

Abdelaziz, 31 ans, avoue être arrivé à Berlin « un peu par hasard. J’étais à Lille depuis plus de 10 ans et j’ai suivi quelqu’un ». Mais le charme a opéré et cela fait maintenant trois ans qu’il vit dans la capitale allemande. Après des études de sport, Abdelaziz a voulu monter une boite de communication en France mais le projet n’a finalement pas abouti, faute de financements. «En France, les investisseurs sont en général assez frileux, et puis c’était le début de la crise. »

Abdelaziz a gardé cet esprit d’entreprenariat et a su trouver à Berlin les ressources nécessaires pour monter un nouveau projet. Via son site – www.mardjana.com – il propose d’acheter des sacs en cuir issus de l’artisanat marocain, le tout dans une logique de commerce équitable.  « J’ai à coeur de faire connaître ces produits sur le marché allemand, qui me semble d’ailleurs assez réceptif. » Mettre en place ce projet n’est pourtant pas allé sans difficultés. « J’ai enchaîné pas mal de petits boulots à côté. Et quand tu ne parles pas allemand, tu ne peux pas vraiment prétendre à plus, même à Berlin. »  Aujourd’hui encore, il travaille dans un centre d’appel. « C’est un bon équilibre. Ca n’est pas un boulot physique, donc ça me laisse du temps et de l’énergie pour développer mon projet. Et puis pour avoir travaillé dans des centres d’appels en France, c’est sans comparaison ! Ici, il n’y a pas de pression. C’est vraiment une atmosphère, un esprit particulier que je n’ai trouvé qu’à Berlin. »

De manière plus générale, Abdelaziz est séduit par les facilités offertes par la capitale allemande : un niveau de vie encore abordable, des opportunités à foison et une ville profondément novatrice. S’il reconnaît la difficulté de nouer des relations avec les Berlinois et regrette un système social moins protecteur qu’en France, il pense rester sur les bords de la Spree « encore quelques années, au moins le temps d’amener mon projet à maturité ». Et après? « Berlin est ma première véritable expérience à l’étranger, ça m’a donné envie de bouger. J’avoue être très tenté par l’aventure américaine, même s’il n’y a rien de très précis pour l’instant. »

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