Le sujet fait très souvent la une des journaux : les abeilles sont menacées de disparition. Insecticides aux néonicotinoïdes, attaques de Varoa et monocultures intensives font que notre chère butineuse est en péril. Et si elle venait à disparaître, ce serait plus d’un tiers de notre assiette qui s’envolerait avec elle.
D’un point de vue économique, une récente étude de l’INRA et du CNRS montre que le travail totalement bénévole de pollinisation de l’abeille représente 153 milliards par an. Tant le secteur de l’agriculture que le reste du monde a donc grand intérêt à sauver les abeilles. Aussi, serait-il temps de bourdonner autour d’une table pour trouver une solution à l’hécatombe annoncée.
Des abeilles berlinoises bien logées
Cet état d’alerte a eu pour conséquence une introduction massive de ruches dans les villes. Et si vous étiez une abeille urbaine, vous adoreriez Berlin ! En effet, la capitale allemande compte en moyenne un arbre tous les 12 mètres. Avec des milliers de tilleuls et de cerisiers en fleurs au printemps, la capitale allemande est le paradis des butineuses.
Et ici, tout est fait dans la gestion des espaces verts pour que les demoiselles se sentent bien. Arbres et buissons mellifères bordent les rues plutôt que des espèces purement ornementales, certes jolies, mais inutiles.
Ensuite, vous avez dû remarquer que souvent les rues de Berlin ont un petit air de jungle urbaine. Les herbes sauvages s’installent, fleurissent, font des graines avant d’être enfin coupées. Ce qui pourrait s’apparenter à de la négligence est en fait un magnifique moyen de préserver la biodiversité de la ville. Laisser la nature faire ce qu’elle a à faire offre à nos abeilles des ressources alimentaires extraordinaires. Chapeau bas les Berlinois !
L’abeille aime la ville
Enfin, force est de constater que l’abeille aime la ville. En raison d’une grande diversité de fleurs, de nombreux points d’eau, d’une température sensiblement plus élevée que dans les campagnes, la ville est un bon refuge pour les abeilles. Certes, la pollution remplace les pesticides, mais l’impact est bien moindre sur l’animal.
Miel de Berlin, cadeau des abeilles
Les ruches apparaissent à Berlin dès la fin de la Seconde Guerre mondiale, lorsque la population se reconstruit sur les cendres du régime nazi. Mais l’apiculteur berlinois d’aujourd’hui voit surtout la prise de conscience écologique qu’offre le cas des abeilles. En effet, on ne produit pas seulement du miel de ville. Conférences de sensibilisation et cours d’apiculture sont désormais monnaie courante.
C’est dans cet esprit qu’en 2008, Annette Müller crée Berliner Honig. Il s’agit d’un groupement d’apiculteurs locaux dont l’objectif est de multiplier les colonies d’abeilles à Berlin. Ils souhaitent surtout offrir la possibilité aux citadins de s’informer sur leur travail. Si vous voulez goûter ce miel urbain de commerce équitable, sachez que le Berliner Honig est disponible dans de nombreux magasins de la capitale. Vous n’aurez qu’à choisir celui récolté dans votre quartier préféré !
Envie d’en savoir plus ? Vous pouvez aussi vous rapprocher de l’Ökowerk de Berlin à Grunewald. Ils compilent toutes sortes d’informations sur l’abeille et organisent des séminaires.
Et puis Cocorico ! Depuis le 10 juillet 2015, la France n’est pas en reste puisqu’un rucher a été installé sur les toits du City Kino du Centre Français de Berlin. Le nombre d’abeilles ne cesse d’augmenter et représente actuellement 12 ruches. Une à deux fois par an, le Miel du Ciel est récolté et proposé à la vente au City Kino. Vous pouvez d’ailleurs soutenir ce projet en parrainant les abeilles.
Alors si d’aventure, lors d’une balade, vous apercevez des ruches, ne vous privez pas d’observer discrètement le joli ballet de ces travailleuses émérites. Et rappelez-vous qu’aussi petite soit-elle, l’abeille nous est indispensable.
Aude Morin Veyret
1011-art
Dessinatrice, je vous propose de découvrir sur ce sujet des abeilles une série de dessins aux crayons de couleur évoquant, par une suite d’abeilles mortes, la pollution par les substances chimiques et les pesticides utilisés dans l’agriculture. Il n’y a pas que les grosses bêtes qui disparaissent …. A découvrir : https://1011-art.blogspot.com/p/vous-etes-ici.html
(Série présentée au Muséum de Genève d’octobre 2021 à juillet 2022).
Mais aussi, en lien direct, une réflexion sur l’utilisation des produits phytosanitaires : https://1011-art.blogspot.com/p/hommage-magritte.html