Citoyens en mouvement : c’est le futur Monument National à la Liberté et à l’Unité. Le Denkmal für Freiheit und Einheit devrait voir le jour courant 2023 devant le Château de Berlin. Il rendra hommage au courage des citoyens est-allemands de la Révolution pacifique de 1989. Celle-ci avait abouti à la chute du mur puis à la réunification de l’Allemagne en 1990.
Si la Porte de Brandebourg est déjà un symbole fort de la réunification du pays, ce monument se démarquera par son amusante conception.
Une structure cinétique au service d’un message
Le concept : si tous ensemble nous allons dans la même direction, nous pouvons faire bouger les choses. Si la référence aux manifestants de 1989 est évidente, les architectes du mémorial – Milla & Partner – ont pris l’idée à la lettre.
En effet, le projet prévoit une grande vasque d’acier qui basculera au rythme des personnes présentes dedans. Ce bol doré de 50 mètres de long sur 18 de large pourra accueillir jusqu’à 1400 visiteurs. Dès que 20 personnes de plus se trouveront d’un même côté, la vasque se mettra doucement à basculer. Leur poids déterminera le degré et la vitesse du mouvement. Cependant, un système de ressorts et d’amortissements fait que le mouvement restera toujours doux. Il s’agit du mémorial d’un événement pacifiste, pas d’une fête foraine !
Bien entendu, tout est prévu pour que la sécurité du site soit maximale. Citons des filets de protection sous la vasque pour éviter les pincements ou un chauffage au sol pour qu’en hiver, la bascule ne devienne pas glissade…
Dans le fond de la vasque, on pourra lire en lettres d’or : Wir Sind Das Volk, Wir Sind Ein Volk (nous sommes le Peuple, nous sommes un – seul – Peuple). Il s’agit là d’une référence à deux chants historiques. Wir sind das Volk qu’interprètent les manifestants en 1989 et Wir sind ein Volk entonné par les partisans de la réunification allemande en 1990.
L’emplacement du monument hautement symbolique
Le Monument National à la Liberté et à l’Unité sera construit face à la porte ouest du château. Il prendra place sur le socle préexistant de la statue équestre du Kaiser Wilhelm I. Ce monument préservé des bombardements de la Seconde Guerre mondiale, fut supprimé en 1949 par le régime socialiste de la RDA. Seul le socle demeure. Ainsi, la vasque mobile et l’ancienne base témoignent des différentes périodes de l’histoire du pays, telles des strates.
Le choix de cet emplacement n’est pas anodin. En effet, il se trouve entre le Kronprinzenpalais – où le traité d’unification a été signé – et le Palais de la République – aujourd’hui remplacé par le nouveau Château de Berlin – où se réunit la Chambre du peuple pour déclarer l’adhésion de la RDA à la RFA. De même, c’est ici qu’eut lieu la procession la plus importante de la Révolution pacifique, le 4 novembre 1989.
Si le projet a été voté par le Bundestag le 9 novembre 2007, les travaux n’ont débuté qu’en 2020. De nombreux obstacles ont ralenti le début du chantier. Nous ne citerons qu’un gel budgétaire (le coût total est d’environ 17,1 millions d’euros ) ou les recours d’associations de protection des animaux.
En effet, des colonies de chauve-souris protégées ont élu domicile sous le socle du mémorial. Il aura fallu attendre de les déplacer pour lancer le chantier. Ainsi, les travaux n’ont débité que le 19 mai 2020.
Espérons en voir le résultat un jour… De même pour le Flussbad, la zone de baignade prévue dans le bras de la Spree situé juste sous le monument. À suivre donc…
Aude Morin-Veyret