Le Nikolaiviertel ou « quartier Saint-Nicolas » est le berceau médiéval de la ville de Berlin. C’est ici que jadis artisans et commerçants négociaient sur les bords de la Spree. Lourdement endommagé pendant l’assaut final de la Seconde Guerre mondiale, le quartier a fait l’objet d’une grande restauration jusqu’en 1987, à la demande de la municipalité de Berlin-Est, pour les célébrations des 750 ans de la ville.
Nicolas, saint patron des commerçants
Si la grande majorité des maisons du Nikolaiviertel a été reconstruite sur des structures préfabriquées, l’église Saint Nicolas a elle été rénovée avec soin. C’est autour de celle-ci qu’apparaissent au 13e siècle les premières traces de peuplement de Berlin. Commerçants, artisans et bateliers s’installèrent ici pour la proximité de la rivière qui facilitait le transport des marchandises. Rien d’étonnant donc que l’église construite soit consacrée à Saint-Nicolas, le patron des commerçants. Achevée en 1230, elle est la plus ancienne église de Berlin. Elle a subi de nombreuses modifications architecturales au cours du temps et l’on peut voir que les deux clochers sont postérieurs à la base de l’édifice. Désacralisée, bombardée puis reconstruite, elle fut le théâtre de nombreux rassemblements anti-communistes en 1989, à l’aube de la chute du mur et de la disparition de l’Allemagne de l’Est. Elle est aujourd’hui utilisée comme musée, salle d’exposition ou de concert, l’acoustique y étant remarquable.
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Non loin de là se trouve le Palais Ephraim. Ce magnifique édifice de style rococo appartenait jadis à Veitel Heine Ephraim, l’argentier de Frédéric Le Grand et joaillier de la cour. Ephraim était également président de la congrégation juive de la ville. Le palais fut démonté en 1935 afin de permettre les travaux d’élargissement du Mühlendamm ordonnés par Hitler. Ce n’est que 50 ans plus tard qu’il fut reconstruit à l’identique, sur la base d’une structure préfabriquée, mais à partir des éléments d’origine de la façade. Le nouveau Palais Ephraim retrouvait sa splendeur mais en retrait de douze mètres par rapport à son emplacement initial. N’hésitez pas à pousser les portes du Palais Ephraim, celui-ci accueille à présent des expositions temporaires du Stadtmuseum de Berlin. Et son escalier est une oeuvre d’art à lui seul.
La maison de la famille Knoblauch située au numéro 23 de la Poststrasse, est une des plus anciennes maisons de Berlin. Elle date de 1790 et a été miraculeusement préservée pendant la Seconde Guerre mondiale. La famille Knoblauch s’est distinguée dans les domaines du commerce et de l’architecture. Cette maison abrite aujourd’hui un musée de l’époque Biedermeier, mouvement conservateur du XIXe siècle. La visite du Musée Knoblauchhaus, au travers de ses salons soigneusement reconstruits, montre le mode de vie, il y a 200 ans, de cette grande famille d’entrepreneurs berlinois.
Nikolaiviertel : un esprit de village au coeur de la capitale
Non loin, au numéro 28 de la Poststraße, se trouve la Gerichtslaube, également une des plus vieilles maisons de Berlin. C’était au Moyen Âge la galerie du tribunal. Un pilori ornait alors l’entrée de la bâtisse où exécutions et humiliations publiques étaient courantes. Les peines pouvaient être cruelles : arrachage des yeux ou des oreilles, brûlure de la langue au fer rouge ou encore le bûcher. Une autre époque, où il suffisait de voler un poisson pour être condamné à mort… Aujourd’hui, l’ambiance y est beaucoup plus sympathique – notamment dans la vieille salle voutée – puisqu’un restaurant allemand y est installé.
Aux numéros 4 et 5 de la Spreeufer, sur les bords de la rivière Spree, se dresse une des plus belles bâtisses du Nikolaiviertel, la Kurfürstenhaus, maison du prince-électeur. Cette grande maison de grès rouge doit son nom au prince-électeur Johann Sigismund de Brandebourg qui y vécut et mourut en 1619. La légende raconte que celui-ci se serait enfuit de chez lui pour se réfugier ici, domicile de son valet, car il était persuadé que le fantôme d’une dame blanche hantait son château. Une autre histoire raconte aussi qu’un certain Casanova aurait séjourné ici…
Au numéro 11 de la Propststraße, vous trouverez le Musée Zille, dédié au peintre, illustrateur, caricaturiste et photographe Heinrich Zille. Fin observateur de la société et plein d’humour, il a produit de nombreuses illustrations patriotiques mais aussi satiriques sur le thème des Berlinois de la classe moyenne du début du XXe siècle. Ses personnages et scènes illustrent les groupes marginaux et les habitants des quartiers ouvriers de Berlin, faisant de Zille un témoin essentiel de cette période d’industrialisation de la ville mais aussi de grande pauvreté.
Au numéro 3 de la rue Am Nußbaum, littéralement « au noyer », la taverne du même nom est une auberge historique à Berlin, construite en 1505. Anciennement située sur la Fischerinsel, l’île des pêcheurs toute proche, elle fut bombardée en 1943. Elle a été reconstruite ici et un noyer noir a été planté devant, comme dans sa version originale. Cette taverne est un des plus anciens débits de boissons de Berlin. Heinrich Zille était un habitué et vous trouverez à l’intérieur un certain nombre de ses dessins. Si vous souhaitez réserver un hôtel proche d’ici pour le côté calme et ultra central, sachez que juste à côté, au numéro 5, se trouve le Nikolai Résidence, très apprécié de sa clientèle.
Enfin, nous vous proposons une dernière petite curiosité dans le Nikolaiviertel : le musée du chanvre. Il est situé au numéro 5 du Mühlendamm. Derrière une façade de coffee-shop hollandais, se trouve un lieu tout ce qu’il y a de plus respectable. Ici, il n’est pas seulement question des effets psychotropes du chanvre, alias le cannabis, mais bien des dizaines d’autres possibilités qu’offre cette plante cultivée depuis plus de 10 000 ans et sur laquelle furent couchées les premières versions de l’imprimerie de Gutenberg. Ce musée, aux allures de cabinet de curiosité, reste à ce jour unique en Allemagne.
Vous l’aurez compris, pour les Berlinois comme pour ceux de passage, un détour au Nikolaiviertel s’impose pour tout connaitre des racines de Berlin. Plus d’informations ici ! Et si vous avez toujours de l’énergie après votre petit tour historique de la ville, pourquoi ne pas mettre le cap vers le Musée de la DDR, pour découvrir une autre époque cette fois, ou aller prendre le thé en haut de la Tour de Télévision pour prendre de la hauteur et du répos ?
Bonne balade !
Aude Morin Veyret