Les parcs de Berlin regorgent d’histoires surprenantes et inattendues !

La Siegessäule depuis le Tiergarten
La Siegessäule depuis le Tiergarten © Miodrag Asenov de Pixabay

Suivez-nous à la découverte des parcs de Berlin et de leurs petits secrets bien cachés…

La fontaine qui ne passa pas l’hiver au Görlitzer Park

Les quelques marches et terrasses recouvertes de gazon à l’entrée du Görlitzer Park sont les restes d’une fontaine monumentale qui n’a pas supporté le climat berlinois. Elle devait être une curiosité incontournable du centre de Kreuzberg, inspirée des fontaines naturelles de Pamukalé en Turquie. L’édifice imaginé par le sculpteur Wigang Witting a été inauguré durant l’été 1998 en hommage aux populations d’origine turque venues s’installer dans le quartier depuis les années 60. Mais, en février 1999 déjà, la fontaine tombe en ruine. Une mauvaise conception des fondations et de l’évacuation des eaux ainsi que la fragilité des blocs de calcaire importés du Portugal ne résistent pas au gel. L’ensemble se fissure, s’effondre et devient rapidement hors d’usage. Après 10 ans de démêlés judiciaires et de recherches de solutions, la fontaine est définitivement démantelée en 2009.

Le tunnel englouti du Treptower Park

À la fin du 19e siècle, la tenue d’une grande exposition industrielle sur l’aire du Treptower Park donne l’impulsion à la construction d’un tunnel afin de faciliter la traversée de la Spree. Les travaux sont entrepris entre 1895 et 1899. Le tunnel permet dès lors à une ligne de tram de relier la presqu’île de Stralau au Treptower Park. Aujourd’hui subsistent seulement deux mystérieuses appellations faisant référence à cette construction : la rue en cul-de-sac de la Tunnelstrasse au nord de la Spree, et la Platz am Spreetunnel au sud. C’est là que se trouvaient les entrées de ce conduit de 454 mètres de long qui a permis jusqu’en 1932 de relier les deux berges en 3 minutes. En 1932, le tunnel est fermé car trop peu fréquenté. Il sera rouvert au public le temps d’un été, à l’occasion des Jeux olympiques de 1936. Durant la Seconde Guerre mondiale, la partie nord du tunnel est utilisée comme abris anti-aérien. Dès la fin de la guerre, les entrées seront complètement murées et l’on redécouvrira les vestiges du tunnel seulement en 1996 alors que des travaux sont entrepris sur la presqu’île. L’entrée du tunnel est restée en bon état mais après quelques dizaines de mètres, un mur a été érigé. On suppose que la majeure partie du conduit est aujourd’hui inondée et inutilisable.

Le Tiergarten : un champ de pommes de terre dans l’un des plus grands parcs de Berlin

Après l’entrée de l’Armée rouge à Berlin et la victoire des Alliés en mai 1945, la ville est en ruine. Le Tiergarten a subi les combats et les bombardements de plein fouet. Le peu d’arbres restants sera utilisé comme bois de chauffage par les habitants pour pallier le manque de charbon. Des quelques 200 000 arbres recensés avant la guerre, il n’en reste que 700. Par manque de nourriture, les habitants sont également contraints de transformer la vaste étendue en champs cultivables. La partition de la ville et les tensions grandissantes entre les deux camps vainqueurs vont retarder de plusieurs années le réaménagement du plus ancien des parcs de Berlin. C’est finalement à la fin des années 40 que les villes ouest-allemandes vont participer au reboisement de l’espace en acheminant, y compris durant le blocus de 48/49, environ 250 000 jeunes arbres.

Le Kreuzberg, la plus haute «montagne» naturelle parmi les parcs de Berlin

Au milieu du 19e siècle, le sud de Kreuzberg était encore une vaste étendue de prairies, principalement utilisées pour des exercices militaires, en particulier Tempelhof. La «montagne de la croix» a été baptisée ainsi en référence au monument inauguré en 1821.  Il a été conçu par l’architecte Karl Friedrich Schinkel en hommage aux soldats prussiens ayant combattu les troupes napoléoniennes entre 1813 et 1815. Aujourd’hui, la colline culminant à 66 mètres ne détient plus le record de hauteur de Berlin. Elle a été dépassée par ces fameuses Trümmerberg, montagnes de gravas et de ruines acheminées par les femmes survivantes de la dernière offensive alliée en 1945. Les deux plus célèbres au centre ville sont la Grosser Bunker Berg (78 mètres), aussi appelée Mont Klamott, dans le Volkspark Friedrichshain et la Humboldt Höhe (88 mètres), dans le Volkspark Humoldthain. Toutes deux ont été construites sur les ruines d’anciens bunkers nazis.

Un château a disparu dans le parc Monbijou

Presque rien aujourd’hui ne témoigne encore de l’existence d’un château dans cette petite parcelle située entre l’Oranienburger Strasse et la Spree, au nord de l’Île des Musées. Pourtant, jusqu’en 1949 se dressait à cet endroit le Château de Monbijou. L’édifice a été construit par étapes à partir du milieu du 17e siècle. Il a servi tour à tour de résidence secondaire, puis de résidence pour la reine de Prusse avant de devenir un musée en l’honneur de la grande dynastie prussienne des Hohenzollern. Pendant la période nazie, l’architecte Albert Speer, désigné par Hitler pour réaliser la transformation de Berlin en « Capitale du monde » avait prévu de déplacer le château pour faire place à un gigantesque complexe de musées. Le château aurait dû être reconstruit aux abords du château de Charlottenbourg. Ces transformations pharaoniques ont été interrompues dès le début de la guerre en 1939. Durant la Seconde Guerre mondiale, le bâtiment est atteint par une bombe et largement détruit. L’administration est-allemande s’occupera, malgré les protestations, de faire disparaître les restes du bâtiment définitivement dès 1959 pour des raisons idéologiques, le passé prussien étant le symbole de l’impérialisme et de la monarchie.

Le Mauerpark fête à peine ses 20 ans

Le Mauerpark n’est pas un parc à proprement parler. Il se trouve sur l’emplacement d’une ancienne gare. Elle était utilisée depuis la deuxième moitié du 19e siècle principalement pour le trafic de marchandises. La limite entre l’Est et l’Ouest se dessine en bordure de la Schwedter Strasse, aujourd’hui fermée au trafic routier. Ses pavés traversant le parc du Nord au Sud restent le seul témoin du passé d’avant-guerre. La majeure partie de cet espace faisait partie du no man’s land qui séparait les deux Berlin de 1961 à 1989. Les autorités de la RDA ont même réussi à négocier en 1989 l’élargissement de leur secteur sur une cinquantaine de mètres vers l’ouest afin de renforcer la sécurité dans cette zone. La création d’un parc est en grande partie due à la volonté des habitants du quartier qui cherchaient des lieux de détente en plein air dans le très dense quartier de Prenzlauerberg. Dès la chute du Mur, les habitants se sont petit à petit approprié ce terrain vague et ont réussi à obtenir des fonds pour son aménagement. Le parc tel qu’on le connaît aujourd’hui a été inauguré en 1994 et doit subir tout prochainement de nouveaux changements, notamment la construction de logements dans la parcelle nord-ouest, au grand dam de nombreux habitués.

J.B.

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